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Dernière querelle
samedi 24 août 2013, par
Joe ABERCROMBIE (1974-)
Grande-Bretagne, 2008, Last Argument of Kings
Après Déraisons et sentiments, j’enchaîne sur Dernière querelle, dernier tome de la trilogie, non sans un certain essoufflement qui me fait mal lire le titre, la querelle devenant quenelle. Quelle idée aussi de traduire ainsi le titre originel, Last Argument of Kings, alors que ce titre fait explicitement référence à l’inscription figurant sur les canons de Louis XIV ? Peut-on imaginer le Roi-Soleil faisant graver « dernière querelle » sur son artillerie ? Une coulée un peu moins fluide, un ouvrier un peu malhabile dans sa gravure, et le canon devient quenelle...
Ce calembour de mauvais aloi m’a hanté pendant toute ma lecture, à chaque fois que je prenais le volume en main. Les événements qui l’habitent ne doivent pourtant rien au comique et apportent les réponses aux quelques questions subsistantes à l’issue de Déraisons. Revenu à Adua, l’équipe se disperse en partie : Jezal regagne son poste, auréolé d’une gloire reposant sur des faits aussi hauts que faux ; Logen retourne dans le Nord et retrouve ses anciens compagnons, peut-être avec moins de joie que l’on pouvait s’y attendre, hanté par ses états chroniques de berserk. Pendant ce temps, plus que jamais, le gouvernement de l’Union s’enfonce dans les querelles intestines entre lesquelles Glotka navigue de plus en plus difficilement, mais le mage Bayaz a un plan.
Plus réjouissant et moins tire à la ligne que les deux premiers tomes, Dernière querelle abonde en combats, parfois de la dernière chance, qui ne sont pas sans rappeler ceux du Seigneur des anneaux, la stratégie du gouffre de Helm ou le siège de Minas Tirith. Définitivement, la vraie originalité de la trilogie, réside dans l’antipathie relative de ses personnages. A ce titre Bayaz remporte la palme du cynisme haut la main dans ce final. Abercrombie est parvenu à un rendu assez réaliste tant des intrigues politiques que de l’impossible clarté des mythes. A l’issu de ce volume, le lecteur ne saura pas clairement ce qui s’est passé lors de la genèse du monde.
Pour un premier cycle, La Première loi est plutôt une réussite. Suffisamment à mes yeux pour que je lise Servir froid dans un avenir assez proche.