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Maître de la matière

Discours sur la fin et les dénouements de l’inégalité parmi les Hommes

samedi 19 octobre 2013, par von Bek

Andreas ESCHBACH (1959-)

Allemand, 2011, Herr Aller Dinge

L’Atalante, 2013, 638 p.

Dès lors que j’eus vérifié que Maître de la matière n’était pas un roman destiné aux jeunes adultes (qu’est-ce que je déteste cette formule !!!), je me suis empressé de l’acquérir à sa sortie courant septembre avec le secret espoir de me retrouver plongé dans un récit aussi prenant que Jésus Vidéo ou qu’En panne sèche. Je n’ai pas été déçu. Quoique publié dans la collection La dentelle du cygne, ce roman n’aurait pas dépareillé celle Insomniaque et ferroviaire.

Fils d’une Japonaise domestique à l’ambassade de France à Tokyo et d’un Américain qu’il n’a pas encore rencontré, Hiroshi Kato se lie d’amitié à dix ans avec Charlotte, la fille de l’ambassadeur. La différence de richesse n’est pas un obstacle à leur amitié mais celle-ci et l’origine modeste d’Hiroshi amène ce dernier à s’interroger sur l’inégalité et à y trouver une réponse. Les chemins des deux amis s’écartent et se recroisent. Hiroshi regarde vers le futur : il n’a jamais oublié son projet ; Charlotte regarde vers le passé, intriguée par l’échelle du temps. Sa participation à une mission scientifique sur une île de l’océan arctique apportera à l’un comme à l’autre des réponses à leurs plus grands problèmes.

On ne peut pas reprocher au Maître de la matière de ne pas rentrer dans la science-fiction, comme certains l’ont fait à l’encontre de Jésus Vidéo. Pourtant, comme ce dernier, s’il en aborde plusieurs thèmes majeurs, souvent proches de l’histoire secrète, comme la nanotechnologie, les extra-terrestres, les civilisations disparues, c’est parfois pour seulement les effleurer, ce qui risque d’en frustrer plus d’un. D’autant plus qu’une large partie du roman (plus de la moitié) est surtout consacrée aux rapports amoureux des protagonistes, chose inquiétante quand on se rappelle l’aspect caricatural des amours adolescentes livré par Andreas Eschbach dans sa trilogie du Sanctuaire.

C’est oublier que le romancier allemand est un maître conteur qui, lorsqu’il se montre ambitieux, est capable de river son lecteur à son récit. Maître de la matière, en dépit d’une plus grande prévisibilité que les autres livres, ne dément pas ce talent. J’ai beau être dubitatif devant certaines évolutions de l’histoire - notamment la capacité d’Hiroshi à trouver un financement pour son projet - en raison même de la complète remise en cause du système économique qu’il représente, la scène de la réunion générale à Hong Kong m’a prouvé que l’auteur avait réfléchi aux objections que cette révolution représentait. Sans doute économiquement moins réaliste qu’En panne sèche, ce livre évoque une utopie heureusement sans basculer dans le larmoiement sur la pauvreté.

Un très bon moment de lecture !

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