Accueil > CINECSTASY > G > LA GRANDE MENACE

LA GRANDE MENACE

2000, par Palplathune

Réalisateur : Jack GOLD (1930-)

Année : Grande-Bretagne & France, 1978, The Medusa Touch

Acteurs : Richard Burton, Lino Ventura, Lee Remick, Harry Andrews, Alan Badel, Marie-Christine Barrault, Jeremy Brett, Michael Hordern, Gordon Jackson, Michael Byrne, Derek Jacobi, Robert Lang (II), Avril Elgar, John Normington, Robert Flemyng

Issu de la vague mystico-pessimiste de la fin des années 70, La grande menace se distingue par deux caractéristiques. En premier lieu, c’est une coproduction franco-anglaise ce qui nous vaut un casting aussi hétéroclite que talentueux (Lino Ventura, Lee Remick, Richard Burton). En second lieu, par rapport aux références que sont dans cette période des films comme La malédiction ou L’exorciste, ici on a jeté aux orties tout l’attirail chrétien (ou crétin, au choix). Le film nous relate donc l’enquête menée par un inspecteur sur le meurtre d’un écrivain misanthrope à l’inquiétant pouvoir de provoquer les catastrophes.

Il existe des films où la forme réussit à transcender le fond, pour La grande menace c’est le schéma inverse qui s’applique. En effet, si l’interprétation est irréprochable, la réalisation, ainsi que la photographie, sont à peine dignes d’un téléfilm. De même, l’esthétique visuelle est marquée par son époque : les pantalons pattes d’eph sont de rigueur. Le film en ressort un peu daté. Mais tous ces défauts visuels (la musique, très goldsmithienne, est, elle, très bonne) cachent un scénario d’une audace incroyable. Tout repose sur la personnalité troublante de Morlas, l’écrivain, racontée par sa psychologue par le biais de flash backs réguliers. L’enquête sur le meurtre devient alors vite accessoire et s’oriente sur le « cas Morlas » (l’identité du meurtrier est assez facile à deviner -non ce n’est pas le colonel Moutarde avec le chandelier-, et ne constitue pas la fin du film). Or le pouvoir de celui-ci n’est pas issu d’une volonté divine ou satanique ou je ne sais quelle autre bondieuserie, mais semble être la première trace d’une évolution de l’être humain vers une supériorité mentale. Idée fascinante, quasi nietzchéenne, renforcée avec une grande intelligence par la façon dont réagit Morlas. Pas de « mon Dieu, je me repens », si Morlas est d’abord terrifié par ses capacités, il devient vite plus intrigué et finit par complètement l’accepter, se plaçant comme un véritable apôtre du nihilisme dont la mission est de détruire toutes les classes asservissantes : noblesse, bourgeoisie, clergé, et plus largement toute la bêtise humaine. Osé quand même !

A ce titre, la conclusion est une merveille de pessimisme parfaitement dans le ton. Pour ce scénario extrêmement osé et provocant, le film est à voir impérativement mais on ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’il aurait donné avec le sens visuel de metteurs en scène tels que Polanski, Scott ou autres.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?