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GREMLINS

dimanche 11 novembre 2001, par von Bek

Joe DANTE (1946-)

Etats-Unis, 1984

Zach Calligan, Phoebe Cates Dick Miller

En 1984, le cinéma fantastique américain se complaît dans un mélange d’horreur et de comédie et tandis qu’Ivan Reitman réalise S.O.S. Fantômes, Joe Dante, qui avait déjà prouvé dans La quatrième dimension son goût pour l’humour noir et le fantastique, livre Kingston Falls, petite ville paisible du Midwest, aux plaisanteries cruelles et mortelles d’une horde de diablotins (gremlins en anglais). Lesquels ne débarquent pas d’une planète lointaine, pour une fois, pas plus qu’ils ne jaillissent des enfers, mais sont plutôt le résultat d’un verre d’eau et d’un repas trop tardif et mal digéré.

Tout le monde sait qu’en littérature comme au cinéma, au moins, les règles sont érigées pour mieux être violées, les lois de la robotique d’Isaac Asimov faisant exception. Aussi le spectateur devine-t-il à l’avance que les trois règles que tout détenteur d’un mogwaï doit respecter ne vont pas résister longtemps devant la maladresse et la bêtise du nouveau propriétaire de l’animal. Un peu de zoologie est maintenant nécessaire.

En effet, il est bon de préciser que le mogwaï semble être le fruit d’un croisement entre un petit singe et un rongeur, doté de cordes vocales suffisamment développées pour lui permettre de siffler et de marmonner quelques mots. Le mogwaï craint la lumière vive qui peut le tuer, il fuit donc le soleil, les flashs photographiques et les lampes. Le mogwaï entretient un rapport ambiguë avec l’eau dans la mesure où son entrée en contact avec cet élément vital provoque sa reproduction rapide par un phénomène de duplication de ses cellules dorsales. Particularité qui n’est pas sans susciter des questions sur l’hygiène de l’animal et sur sa sexualité. A l’instar du koala, le mogwaï n’est pas un animal lubrique. Les enfants issus de cette hydrogenèse présentent nettement un caractère instable, agité et même vicieux. Le phénomène le plus étrange résulte de la métamorphose consécutive à l’ingestion par le mogwaï de nourriture après minuit - nous laisserons de côté toutes les questions relatives à la philosophie selon laquelle n’importe quelle heure est après minuit. Cette métamorphose se déroule dans un cocon visqueux et glauque et transforme le mogwaï en gremlin, créature plus grande, plus proche du lézard par son épiderme et sa dentition.

N’eut été sa laideur, le gremlin est déjà loin d’incarner l’animal familier qu’incarne le mogwaï, mais en outre, il éprouve du plaisir à la méchanceté et à la destruction. Bien évidemment, Gyzmo, le mogwaï du jeune Peltzer, ne manque pas d’engendrer des gremlins, à sa propre terreur, il faut bien le dire. La progéniture connaît une destinée variée provoquée par ses atteintes à l’intégrité du foyer Peltzer. Ainsi, l’un meurt sauvagement poignardé par Mme Peltzer mère, un second meurt haché par un mixeur, un troisième explose dans le micro-onde, un quatrième est décapité. Il suffit cependant que le plus malin s’échappe et aille plonger dans la piscine de la Y.M.C.A. pour que la situation de la ville de Kingston Falls se dégrade nettement à cause des facéties de dizaines de gremlins.

La grande réussite de Joe Dante est de combiner avec humour des éléments classiques du film d’horreur, genre qu’il connaît bien, puisqu’il fait ses début auprès de Roger Corman et qu’il a réalisé en 1978, Piranhas, un pastiche des Dents de la Mer. Ainsi le savant fou est dénaturé en la personne de Mr Peltzer, inventeur raté et inoffensif dont l’obstination à se procurer Gyzmo conduit néanmoins à la catastrophe. Bien évidemment, l’humour du film repose essentiellement sur les déprédations commises, avec un sens certain du comique, par les monstres et sur leur comportement face au monde moderne. La vision de Blanche-Neige et les 7 nains par des gremlins qui entonnent, à la suite des nains, la chanson du retour du travail, est à un plus d’un titre, un grand moment et une bonne satire de la société.

Il me semble aussi impératif de saluer la prestation de Dick Miller dans le rôle de Murray Futterman, stéréotype de l’Américain moyen, patriote et râleur, xénophobe sur les bords et qui préfère toujours un bon tracteur Massey-Fergusson, sur lequel il n’a peur de personne, à une quelconque machine fabriquée hors des Etats-Unis.

De même que S.O.S. Fantômes déjà cité, ou que E.T. et Cocoons, Gremlins fait figure de classique du film fantastique du début des années 1980, une époque d’ascension de réalisateurs encore jeune, à l’image d’un Steven Spielberg, commanditaire du film , qui n’était pas encore totalement obsédé par sa jeunesse.

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