La Guerre des immortels

Romain D’HUISSIER (1977-)

France, 2013

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 288 p.

La Guerre des immortels est la suite directe de l’excellent Matière noire, qui remettait avec brio sur le devant de la scène les super-héros made in France du groupe Hexagon, également ressuscités dans les deux tomes de l’anthologie Dimension Super-héros, dirigés par le même Romain D’Huissier avec la complicité de Julien Heylbroeck.

Plasma, désormais enceinte, a été remplacée le temps de son congé maternité par un super-héros au passé inconnu, dénommé Râ. Doté de pouvoirs télékinésiques, il doit assister le Pilote noir, Rakar l’amérindien, le Lys noir et l’Archer mystérieux lorsque New York est la cible d’une invasion venue d’une autre dimension. Les défenseurs de la Terre comprennent toutefois rapidement que cette tentative d’invasion n’est qu’un élément d’un plan bien plus vaste et bien plus dangereux. Dans le même temps, des artéfacts de l’Egypte antique ont effet été dérobés par des super-vilains inconnus, Athor et Bastet, assistés d’un personnage surpuissant au visage dissimulé derrière un masque doré, Amon. Râ est alors amené à dévoiler à ses coéquipiers sa véritable histoire, celle d’un demi-dieu originaire du lointain passé de la Terre. Dès lors, l’affrontement entre Hexagon et Set, le frère machiavélique de Râ, prend une dimension plus dramatique, surtout que lors de l’attaque de Set contre Heliopolis, le joyau refuge des immortels, Râ lui-même est enlevé…

Avec La Guerre des immortels, on retrouve, non sans une certaine délectation, la prose de Romain D’Huissier, qui n’a pas son pareil pour nous offrir des combats haletants et des confrontations explosives. C’est bien simple, on a souvent l’impression d’être au cœur du film Avengers, ce qui est évidemment un compliment ! Sur le plan de l’intrigue, on retrouve une structure assez classique, qui voit les héros d’abord offensifs, mais ne disposant pas de tous les atouts dans leurs mains : dépassés, ils subissent des échecs répétés, avant de réussir à reprendre l’initiative et à l’emporter, happy end oblige. La Guerre des immortels nous invite également à redécouvrir le passé de la Terre, dans une optique très inspirée d’Evhémère, et des auteurs du courant dit du « néo-evhémérisme » (histoire inconnue et civilisations englouties, thématique qui fut d’ailleurs largement explorée par le Fleuve noir et que Rivière blanche a reprise) ; la mythologie égyptienne est par ailleurs utilisée d’une manière originale et décalée (Râ, et non Osiris, est ici le frère aîné de Set).

Non content de nous entraîner dans un flot d’aventures plus débridées les unes que les autres, Romain D’Huissier invoque également des créatures démesurées, à visée cosmique, tels le Gardien du seuil des espaces interdits (qui semble se ressentir d’une certaine influence lovecraftienne) ou Etarr l’Inévitable, souverain du royaume des morts où échouent les Immortels… Une lecture toujours gouleyante, la garantie d’un excellent moment de détente.