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L’Etrange affaire de Spring Heeled Jack

samedi 1er mars 2014, par Maestro

Mark HODDER

Grande-Bretagne, 2010, The Strange Affair of Spring Heeled Jack

Bragelonne, 2013, 504 p.

Débutant dans le monde des romanciers de science-fiction, Mark Hodder fait une entrée pour le moins tonitruante avec un ouvrage steampunk en diable qui a décroché le prix Philip K. Dick l’année de sa parution.

Il faut dire que tous les ingrédients d’un roman accrocheur et haletant sont réunis : des personnages hauts en couleur, à commencer par Richard Francis Burton, déjà utilisé en son temps par Philip José Farmer dans son cycle Le Fleuve de l’éternité, mais aussi le poète Algernon Swinburne, masochiste heureux ; de l’action bien secouée ; des inventions technologiques cocasses, génératrices d’un humour assez irrésistible (ces perroquets messagers qui ponctuent leurs missives de grossièretés) ; une esthétique éminemment steampunk, presque trop prévisible dans ses inventions répondant aux canons du genre ; des célébrités utilisées à contre-emploi (Gustave Doré, Oscar Wilde, Charles Darwin, entre autres).

Nous sommes ici dans une Angleterre du début des années 1860, dont l’histoire a divergé une vingtaine d’années auparavant, lorsque la jeune reine Victoria a été assassinée et que son mari, Albert, lui a succédé. Sans que l’on sache initialement ce qui s’est exactement passé pour que le progrès technique soit ainsi accéléré, le pays se trouve envahi par des innovations de toutes sortes, concernant les transports comme l’énergie (une centrale géothermique a vu le jour à Londres), et fruits des actions d’une caste d’individus, composée des Eugénistes et des Technologistes. Face à eux, un courant d’opposition a vu le jour, celui des Libertins, qui s’est ultérieurement scindé en deux branches, les Débauchés, nihilistes qui condamnent tout sens moral, et les Libertins authentiques, plutôt technosceptiques.

On l’aura compris, Mark Hodder a projeté dans le XIXe siècle des problématiques contemporaines (l’écologie), tout en grossissant certaines tendances de l’époque (les Eugénistes, par exemple). L’intrigue qui voit associés Burton, aventurier anti conformiste passé au service secret de la Couronne, et Swinburne, poète malingre membre des Libertins authentiques, court autour de la capture de Spring Heeled Jack (Jack Talons-à-ressort), dont on devine très rapidement qu’il s’agit d’un voyageur temporel ; ce qui reste énigmatique, ce sont les motivations qui président à ses agressions sexuelles ou autres, et à sa participation, des deux côtés de la barrière, à l’assassinat de Victoria. Si les innovations sur cette thématique demeurent limitées, on retiendra tout de même cette variation sur le thème de la mort de l’ancêtre, le voyageur de L’Etrange affaire de Spring Heeled Jack étant finalement bloqué dans le passé, mais à l’intérieur d’un intervalle de temps correspondant aux deux extrémités de sa durée de vie… Quant à la morale de l’histoire, elle tient essentiellement au danger de manipuler l’histoire, et au désir de liberté face à un destin ou une évolution programmés d’avance.

Un roman plaisant et rondement mené, qui, en dépit d’une originalité limitée, parvient à séduire le vétéran en science-fiction, et que l’on peut rapprocher de La Carte du temps, de Felix J. Palma.

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