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ARROW (Saison 1)

samedi 5 avril 2014, par von Bek

Greg BERLANTI (1972-), Marc GUGGENHEIM (1970-) et Andrew KREISBERG

Etats-Unis, 2012-2013

Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Susanna Thompson, Colin Donnell, Willa Holland

Pas refroidis par le ratage de Green Lantern et toujours pas dégoûtés du vert ou mis au chômage, les scénaristes du film de Martin Campbell rempilent à la demande de la chaîne CW qui cherche depuis longtemps [1]une nouvelle production pour surfer sur la même vague que sa série Smallville une fois celle-ci finie. On sait que si DC n’est pas toujours au top question films de super-héros, en dépit d’effets spéciaux colossaux, la firme de comics a plus de succès et d’expérience avec les séries, un format auquel sa rivale Marvel ne s’est pas souvent risqué. Initialement prévue pour durer 13 épisodes, la première saison, réalisée en 2012, est allongée de 10 épisodes après les premiers succès et débarque en France en 2013 tandis qu’une deuxième saison est diffusée outre-atlantique.

Arrow remplace peut-être Smallville, mais elle ne repose pas sur le même concept et n’en est surtout pas un spin-off, même si le personnage de Green Arrow apparaissait régulièrement dans la série (70 apparitions sur 218 épisodes). Donc il y a une nouvelle genèse du personnage, laquelle constitue un fil rouge dans la trame de la série via des flashbacks de plus en plus présents, et si le concept du milliardaire justicier, un archétype, est conservé, le héros n’est pas baptisé officiellement Green Arrow, et se paye même le magnifique clin d’oeil dans un épisode de le qualifier de sobriquet. Dans cette 1ère saison, pour les habitants de Starling City (un dérivé de la Star City du comics), ville imaginaire dans laquelle évoluent les personnages, le héros est The Hood soit la capuche, surnom qui, comme souvent chez les super-héros, rend beaucoup moins bien dans la langue de Victor Hugo que dans celle de Walter Scott. Imaginez les Français appelant Robin Hood, Robin à la capuche... Le problème, c’est que La Flèche, c’est pas beaucoup mieux.

Cependant la capuche rend bien compte du côté sombre du personnage et de son allure générale qui, tout comme le refus des créateurs de l’appeler Green Arrow, s’inspirent directement de la recréation du personnage sous le crayon de Mike Grell en 1987. La première période du comics n’est pas totalement rejetée et il lui est fait de discrets hommages sous forme de clin d’oeil, comme l’intersection entre les rues Neal et Adams par référence au dessinateur qui a animé le personnage de 1969 à 1983, ou quand Mrs Lance dit qu’elle va regagner son domicile de Star City rapide comme l’éclair soit comme un flash, allusion au super-héros du même nom qui justement évolue à Star City. Néanmoins, Arrow a tout du chasseur urbain imaginé par Grell ; s’il est doté d’une conscience et de principes profondément ancrés, il n’hésite pas aussi à se montrer violent, à recourir à la peur et à tuer.

Ce caractère il le doit à son origine très sombre puisqu’Oliver Green, playboy insouciant et en rupture de ban de l’Ivy league, manque de mourir avec son père dans le naufrage du yacht familial en mer de Chine. Avant de se sacrifier pour assurer la survie de sa progéniture, Green Sr lui enjoint de corriger ses fautes en pourchassant les malhonnêtes qui ont nuit à leur ville et dont il a consigné les noms dans un carnet qu’il lui confie. Oliver Green devra attendre cinq ans avant d’honorer la mémoire paternelle puisqu’il échoue sur une île dont les premières secondes de la série le voit s’échapper. C’est ce séjour qui le transforme en un archer d’exception, maître en arts martiaux, et je vous prie de croire que ce n’est pas en chassant les écureuils ! Il faut rendre ici justice à Stephen Arnell physiquement très bien dans le rôle.

Un millionnaire qui combat des millionnaires, voici qui sort du schéma classique de l’histoire de super-héros. Faut-il y voir une critique du système capitaliste ? Pas vraiment. C’est définitivement des cas individuels, peu scrupuleux, qui sont pointés du doigt. Comme l’illustre l’épisode 6, dans lequel l’archer s’attaque exceptionnellement (?) à un gang de braqueurs de banque, ou l’épisode 18 où il met un terme aux velléités justicières d’un quidam : il ne faut pas chercher d’excuse dans le système et chacun est responsable de ses actes.

Mais comme, depuis les années 60, tout super-héros est un personnage torturé qui a aussi les problèmes de monsieur-tout-le-monde, Oliver Green trimbale avec lui un remord format poids lourd qui ne pèse pas seulement sur sa conscience à cause de la mort de son père : dans le naufrage a péri sa petite-amie du moment laquelle n’est autre que la petite sœur de son ex. Quand Oliver Green « ressuscite » cinq ans plus tard, ladite ex – Laurel Lance – est devenue avocate et fait dans le social tandis que le père Lance est flic du SCPD et a une sérieuse dent contre lui. C’est sans parler de la petite soeur, Théa, très bien incarnée par la mignonne Willa Holland, qui a mal vécu la mort du père et du grand frère. Les tragédiens antiques ou modernes n’auraient pas craché sur ce ressort culpabilisant néanmoins pas forcément très original dans les séries américaines où le soap opera n’est jamais bien loin.

La tragédie des relations humaines contribue a inscrire la série dans la continuité et à fidéliser le spectateur, mais au cas où ce dernier ne se satisferait pas des longs sanglots des violons s’apitoyant sur le malheureux fils à papa privé de sentiments après sa retraite insulaire, les concepteurs ont tissé un troisième fil rouge (les deux premiers sont la genèse du personnage et ses problèmes relationnels au cas où vous n’auriez pas suivi !). Dès le premier épisode, il apparaît rapidement qu’une organisation s’inquiète de ce que Oliver Queen pourrait avoir appris de son père et de cet archer qui s’attaque à ses membres. Il faut un temps à la capuche pour comprendre (épisode 9) que les noms de sa liste sont liés entre eux par davantage que la similitude de leurs méfaits et qu’il y a quelqu’un derrière tout cela, ce que le spectateur sait bien avant lui. Comme on est un peu chez les Atrides, il apparaît tout aussi rapidement que maman Green, qui s’est remariée, n’est pas étrangère à toute cette magouille.

On ne bâtit pas une série sur un personnage solitaire et le secret de l’identité est un ressort récurrent des histoires de super-héros DC (la Marvel en use beaucoup moins). L’épisode 5 repose même sur l’arrestation d’Oliver soupçonné d’être la capuche. A ce stade, Oliver Queen a déjà fait son assistant de Diggle, un ancien commando, qui lui a été adjoint comme garde du corps dans l’épisode 1. Au fur et à mesure que la saison avance, d’autres personnages vont découvrir ou être informés de l’identité secrète d’Oliver Queen. Je ne vous en dit pas plus et vous invite à en apprendre plus en regardant la série. Bon visionnage.


[1Une première tentative a été faite avec un épisode pilote Aquaman en 2006. cf L’Ecran fantastique, n°334, septembre 2012, p.80

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