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Le Mont Analogue
roman d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement analytiques
samedi 21 juin 2014, par
René DAUMAL (1908-1944)
France, 1952
Le Mont Analogue est à bien des égards un OVNI littéraire. Dernier roman entrepris par son auteur, interrompu par la Seconde Guerre mondiale et la tuberculose, repris mais jamais achevé, il peut être rattaché à la première science-fiction française, mais au sens le plus large.
C’est en réalité une œuvre baroque, composite, volontiers absurde, surréaliste, évoquant tour à tour Marcel Aymé et Raymond Queneau. On y trouve ainsi, outre de nombreuses et irrésistibles notes d’humour, une chanson montagnarde complètement décalée, des réflexions d’ordre plus scientifique sur les capacités limitées de la mémoire immédiate, un conte prenant sur les hommes creux, des esquisses de portraits et autres cartes ou croquis, ou une réflexion sur les glaciers comme êtres vivants. L’auteur y raconte sa rencontre avec le Père Sogol, un touche à tout de génie, exerçant mille et un emplois parmi lesquels professeur d’alpinisme… en plein Paris : sortir de sa mansarde requiert d’ailleurs de maîtriser la descente en rappel ! Lui et le narrateur décident de partir à la recherche du Mont Analogue, le plus haut sommet de la Terre encore inconnu du plus grand nombre. Ils s’associent pour ce faire à quelques compagnons de voyage, et partent direction le Pacifique sud.
L’histoire s’arrête malheureusement au début de l’ascension de la montagne, qui est surtout l’occasion d’une réflexion intéressante sur l’effet papillon et la cohérence de l’écosystème. Si les arguments visant à expliquer le caractère encore largement inconnu de ce point culminant relèvent en partie de la science-fiction, à la manière du Voyage au pays de la quatrième dimension, Le Mont Analogue est avant tout un récit initiatique, la projection de cette recherche d’absolu et d’idéal qui est avant tout recherche de soi-même.