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Après la vague
samedi 24 mai 2014, par
Alexander KEY (1904-1979)
Etats-Unis, 1970, The Incredible Tide
Aux Forges de Vulcain, 2012, 188 p.
Comme les éditions Le Passager clandestin avec leur ambitieuse collection « Dyschroniques », Aux forges de Vulcain, éditeur militant engagé à gauche (citons par exemple le roman de William Morris, socialiste anglais historique, Un Rêve de John Ball [1] ), ont fait le choix de rééditer un texte de science-fiction méconnu en nos contrées. Après la vague a pourtant fait l’objet d’une adaptation par rien moins que l’unanimement acclamé Hayao Miyazaki sous forme d’une série télévisée (Conan, le fils du futur).
L’action se déroule dans un futur indéterminé, aux lendemains d’un conflit mondial ayant usé d’armes magnétiques telles qu’elles ont fait basculer la planète sur son axe et entraîné une brutale montée des eaux. Dans cet univers post-apocalyptique, Conan est un adolescent de 17 ans, qui a dû apprendre à survivre sur l’île déserte où il est échoué depuis cinq ans. Il est finalement récupéré par les survivants des anciens ennemis de son pays, et amené jusqu’à la cité Industria, cœur de l’Ordre Nouveau qu’ils s’efforcent de bâtir. Conan y retrouve le Professeur, maître d’œuvre de la communauté de survivants d’High Harbor, et tous deux vont s’efforcer d’échapper aux dirigeants d’Industria afin de regagner leur havre de paix. Parallèlement, à High Harbour, justement, le couple de Shann et de Mazal, la fille du Professeur, a de plus en plus de mal à résister à la fois aux appétits des émissaires d’Industria, intéressés par les éléments de technologie qu’abrite la communauté, et à l’entropie portée par Ordo et les autres jeunes en rupture de ban. Après la vague est avant tout un roman à destination de la jeunesse. Paru en 1970, il fait partie de ces nombreuses histoires sur lesquelles plane l’ombre de la guerre froide. Industria est clairement l’œuvre de l’ancien bloc de l’est (baptisé Union pour la paix), mettant au pinacle l’Etat, se passant de police grâce à un système de surveillance de tous par tous susceptible de permettre l’ascension sociale, et s’opposant aux Occidentaux.
Néanmoins, Alexander Key ne se contente pas d’une opposition géopolitique binaire. D’abord parce qu’à travers Industria, qu’il oppose à la communauté plus rurale de High Harbour, il semble critiquer la société industrielle, technicienne, au profit d’une harmonie avec la nature et d’une autosuffisance artisanale. Ensuite parce que la figure du professeur lui permet de mettre en avant un certain esprit chrétien, qui pardonne à ses ennemis et s’efforce quasiment de les sauver malgré eux (empreinte chrétienne qui s’incarne également dans ces voix intérieurs pourvoyeuses de bons conseils et à l’origine non identifiée)…
[1] Il est chroniqué sur le blog de Dissidences