Accueil > TGBSF > E- > Les Enfants d’Erebus

Les Enfants d’Erebus

samedi 21 juin 2014, par Maestro

Jean-Luc MARCASTEL (1969-)

France, 2014

J’ai Lu, 317 p.

Jean-Luc Marcastel est surtout connu pour son travail d’écrivain sur la série de fantasy historique pour la jeunesse Louis le Galoup (cinq tomes), et pour son diptyque paru chez Mnémos, l’uchronien Frankia (deux tomes). Il a également signé une anticipation écologique, Un Monde pour Clara, toujours à destination de la jeunesse, chez Hachette. Avec Les Enfants d’Erebus, il inaugure une nouvelle série (bien que de manière détournée, aucune mention d’un premier épisode n’étant faite sur la jaquette du livre) qui, bien que présentée sous un jour neutre, est clairement à destination d’un public adolescent. Outre la couverture, il y a l’héroïne, Jade, âgée de seize ans, et le déroulement de l’intrigue, très didactique et riche en descriptions et en explications, qui suffisent à identifier la cible privilégiée.

Oh, un adulte prendra tout de même plaisir à la lecture, mais en ressortira assurément frustré, ce qui va prendre plusieurs tomes ayant pu être davantage condensé… En fait, on peut lire Les Enfants d’Erebus comme une initiation idéale à destination de la jeunesse vers l’univers foisonnant de Lovecraft. En cette année 1935, Armand de Carsac, qui élève seul sa fille Jade, aux racines maternelles asiatiques, dans une propriété digne d’Indiana Jones à proximité de Paris, reçoit la visite d’un confrère archéologue de nationalité allemande, Schwarzkönig, désireux d’obtenir un mystérieux obélisque et le journal de son inventeur. Ce dernier n’est rien moins qu’un des seuls survivants de l’expédition antarctique évoquée par Lovecraft dans une de ses plus fameuses nouvelles, « Les montagnes hallucinés ». A l’issue d’une soirée où Armand raconte à Jade et à leur jeune serviteur berbère, Ahar, les pérégrinations de cette équipée et ses découvertes sidérantes, le château des Carsac est attaqué par les séides de Schwarzkönig, parmi lesquels des créatures plus (ou moins) qu’humaines. Malgré les actions conjointes d’Ahar et de Jade, qui a laissé s’exprimer à cette occasion la facette la plus sombre de sa personnalité (celle qui lui a apparemment valu par le passé d’exterminer toute la population de son internat…), le château est dévalisé puis incendié, Armand y laissant apparemment la vie… S’ensuit une course poursuite qui mène les deux survivants à Paris, dans les profondeurs de la butte Montmartre, où ils assisteront à une cérémonie impie, et devront dès lors, avec l’aide d’Arsène, frère de cœur d’Ahar, fuir les sectateurs des Grands Anciens.

De ce roman plutôt habilement mené, qui présente avec grande efficacité le sombre univers lovecraftien, on retiendra, outre un esprit proche de Brian Lumley -les personnages qui parviennent à s’opposer efficacement aux créatures du mythe-, la dimension de métissage avec le merveilleux scientifique et le steampunk : le personnage d’Arsène, mi-homme mi-machine, évoque furieusement le japonais Cobra (celui du dessin animé éponyme de science-fiction), tandis que la libellule mécanique est digne de la rencontre entre Jules Verne et Emile Gallé. Il est toutefois dommage que l’époque choisie ne soit pas restituée avec davantage de détails et d’éléments contextuels (d’autant que page 167, il nous est dit que le Front populaire a déjà gagné les élections et que Léon Blum a été « élu président », alors qu’il a en fait été nommé président du conseil par le président de la République Albert Lebrun).

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?