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RIVERWORLD : LE MONDE DE L’ETERNITE

samedi 13 septembre 2014, par Maestro

Stuard GILLARD (1950-)

Etats-Unis, 2010

Tahmoh Penikett, Mark Deklin, Peter Wingfield, Jeananne Goossen, Alan Cumming, Laura Vandervoort

La saga de science-fiction signée Philip José Farmer avait déjà fait l’objet d’une adaptation en 2003, sous la forme du pilote d’une série télévisée qui ne fut jamais mise en chantier. Cette fois, pour éviter toute désillusion du même genre, le téléfilm en deux parties qui fut diffusé sur la chaîne Syfy était censé se suffire à lui-même. On y retrouve un certain nombre d’éléments des romans, mais également des nouveautés plus ou moins convaincantes.

Tout commence avec le retour à Singapour de Matt Ellman, grand reporter qui traine avec lui un sentiment de culpabilité pour avoir tué accidentellement une petite fille lors d’un reportage à haut risque. Fort heureusement, il retrouve Jessie, sa petite amie, seule capable de lui apporter le réconfort dont il rêve. Leurs retrouvailles sont toutefois de courte durée, puisque dans la boîte de nuit où ils se trouvent, une jeune vendeuse devient bombe humaine. Matt croit alors mourir, mais il se réveille pourtant entouré de milliers de corps allongés sur des couches de métal, avec face à lui une femme à la peau bleue… Cette vision est de courte durée, et Matt émerge finalement d’un fleuve (parallèle matriciel plutôt bien vu) sur un monde inconnu. Il y retrouve des personnes connues, mais également des individus venus de diverses périodes de l’histoire, en particulier Tomoe Gozen, japonaise du XIIe siècle, ancienne samouraï (un personnage historique authentique) devenue moniale bouddhiste. Tous ces survivants ont accès à un distributeur de nourriture alimenté par la foudre, à l’exception de Matt, dépourvu du bracelet nécessaire pour le faire fonctionner.

Leur répit est cependant de courte durée, puisqu’ils se font attaquer par l’armée de Pizarro, aidée par Richard Francis Burton, devenant des travailleurs forcés. Matt retrouve à cette occasion son assistant, Simon, mort six ans après lui, et qui a vécu la fin du monde, la Terre ayant été détruite par des OVNI. Le journaliste est également plusieurs fois recontacté par la mystérieuse femme bleue, qui lui explique qu’il doit absolument tuer Burton afin de retrouver Jessie. Ces extra-terrestres sont en effet divisés en deux factions, les Gardiens, dont elle fait partie, et les salutistes, désireux d’éliminer ce monde créé initialement pour donner une seconde chance à l’humanité. Matt parvient également à échapper à Pizarro, et aborde un bateau à aubes commandé par Sam Clemens, alias Mark Twain, désireux de parvenir à la source du fleuve et du mystère. Le premier volet se termine par une bataille entre les forces de Pizarro et celle de Clemens, mais la victoire de ce dernier est enrayée par Burton, qui parvient à s’emparer du navire et à tuer Matt.

La seconde partie possède une narration plus éclatée, plus obscure également dans son premier tiers, avec les interventions des Gardiens concurrents et les apparitions de Jessie, que l’on a du mal à s’expliquer. Pour le reste, tandis que Burton et son navire poursuivent leur périple vers la source, Clemens, son lieutenant Youseff et Simon tentent de le rejoindre en traversant les montagnes. Ils sont heureusement aidés dans leur entreprise par le dirigeable de Ludwig Dürr (concepteur aéronautique ayant réellement existé), qui a déjà pris à son bord Matt et Tomoe. Lorsque les deux navires se rejoignent au pied de la tour située à la source du fleuve, une bataille fait rage, à l’issue de laquelle le bateau est repris en main par Clemens et ses amis. Matt poursuit alors Burton à l’intérieur de la tour, retrouvant une Jessie tiraillée entre les deux hommes de sa vie…

Le lecteur de Farmer est en terrain connu, les humains de toutes les époques semblent bien revenus à la vie, les nouvelles morts ne sont que temporaires, tout le monde se comprend (à l’aide de l’anglais, bombardé langue universelle, dans un centralisme anglo-saxon manquant cruellement de finesse) et des factions extra-terrestres s’affrontent par humains interposés. Burton (incarné par un Peter Wingfield dont la ressemblance physique avec l’explorateur est loin de sauter aux yeux !) et Clemens sont bien là, le Bateau fabuleux de ce dernier également, sans oublier le dirigeable du Noir dessein, mais le Prince Jean est remplacé par Pizarro. Surtout, on a peine à croire les propos de la femme en bleue, expliquant que les champions de son camp -Clemens, Matt et Jessie- ont été choisis pour leur intelligence supérieure, lorsque l’on sait tout le vivier humain qui était à leur disposition ! Car ce qui manque avant tout à ce téléfilm, ce sont les moyens et la finesse. Alors qu’on aurait pu espérer un foisonnement de personnages de différentes époques, l’intrigue ne se concentre que sur quelques-uns, plus que sommairement présentés, qui plus est. Les décors manquent un peu d’envergure, et les effets spéciaux donnent fortement l’impression d’être particulièrement légers. Les coups et blessures, spécialement, sont tout sauf crédibles. Et que dire de cet écart majeur vis-à-vis de l’univers de Farmer : tous les personnages apparaissent déjà habillés ! La nudité, mais aussi l’alcool et les drogues diverses contenues dans les rations préparées, ont succombé au politiquement correct…

Quant à la subtilité des personnages de Farmer, aux faux-semblants et aux double-jeu dont ils sont coutumiers, ils sont passés par pertes et profits, remplacés par un manichéisme grossier. Sans compter toutes les inconnues au sujet des armes (un lance-roquettes, tout de même !), dirigeable (comment une industrie métallurgique de grande ampleur a pu être édifiée ?) et autres bouteilles de champagne… Le final, en forme de faux dénouement, apparaît comme le nouveau départ d’une histoire qui ne résout rien, et n’est somme toute qu’une exploitation superficielle de la création de Philip José Farmer.

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