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Silo
samedi 25 octobre 2014, par
Hugh HOWEY (1975-)
Etats-Unis, 2012, Wool
Actes Sud, coll. "Exofictions", 2013, 560 p.
Silo est le roman choisi par Actes Sud pour lancer sa première collection toute entière dédiée à la science-fiction, un choix éditorial que l’on ne peut que saluer (Actes Sud ayant jusqu’à présent publié de la science-fiction de manière ponctuelle, ainsi des Chroniques des jours à venir de Ronald Wright). Il semble que ce livre ait rencontré un large succès outre Atlantique, lançant la carrière d’écrivain de son auteur, pourtant débutant en la matière, et initiant une trilogie, dont les volets suivants (Silo Origines et Silo Générations) ont été publiés dans la même collection.
Pourtant, de prime abord, pour un lecteur aguerri du genre, Silo n’a rien de très original. Il s’agit en effet de la vie d’une communauté humaine en vase clos, à l’intérieur d’une structure enterrée divisée en près de cent cinquante niveaux, baptisée le silo. L’extérieur n’est connu que de manière négative, par le biais d’écrans diffusant des vues fixes, celles d’un monde mort, détruit, obtenues par le biais de caméras que les condamnés à mort doivent régulièrement nettoyer avant d’être empoisonnés par l’air. Ce monde fermé est en effet d’une grande rigidité, ces niveaux successifs étant la métaphore transparente de la hiérarchie sociale, des Machines, assurant le fonctionnement du silo, jusqu’au niveau supérieur, celui du maire et du sheriff, en passant par le véritable pouvoir dominant, celui du DIT, concentration des serveurs informatiques. Toute velléité de contestation, d’interrogation sur l’extérieur ou tout crime grave conduit à un jugement et à l’expulsion hors du silo. C’est ce qui est arrivé au sheriff Holston et avant lui à son épouse Allison. C’est également le sort qui atteint Juliette, ancienne travailleuse des Machines et nouvelle sheriff désignée par la maire avant sa mort inopinée, contre l’avis de Bernard, responsable du DIT. L’enquête qu’elle mène sur le suicide volontaire d’Holston la conduit à des découvertes remettant radicalement en question l’univers dans lequel elle vit, et le sort qui l’attend à l’extérieur est finalement contré par la solidarité de ses camarades qui vont jusqu’à fomenter une révolte contre l’ordre dominant…
Un récit post-apocalyptique classique, donc, mais qui parvient à captiver le lecteur grâce à des personnages présentés en détail, auxquels on s’attache aisément, tant ils paraissent fragiles et proches de nous. Les révélations, bien que distillées au compte-goutte, ne surprennent comparativement que peu, mais cette histoire de survivants enfouis par on ne sait qui pour on ne sait quelle raison précise est d’une incontestable efficacité narrative, à l’exception d’un deus ex machina plutôt improbable (la fin d’un des protagonistes majeurs du roman se révèle tellement expéditive qu’elle en perd de sa crédibilité). Il est également possible de le lire comme une critique du monopole du pouvoir exercé par une minorité, face à une majorité infantilisée. Un roman des Indignés, en somme, mais dont les thèmes sont traités de manière suffisamment générale pour se prêter à une lecture plastique.