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Timeville

samedi 25 octobre 2014, par von Bek

Tim SLIDERS

France, 2012

Fleuve Noir, 380 p.

Sur le point de partir à New York pour l’inauguration de son énième restaurant avec un mannequin au bras le 6 décembre 2012, David Cartier, toque étoilée et homme d’affaires, doit auparavant signer les papiers de son divorce d’avec son amour de jeunesse, Anna, brillante chirurgienne et mère de ses deux enfants, Agathe et Tom. Chose inexpliquée, c’est la première et la moindre de toute une série dans Timeville, il finit alcoolisé sur le divan du salon ce qui lui vaut de se faire agresser par un duo fraternel de cambrioleurs qui pensaient avoir le champ libre. Mais quand les voleurs fuient, ce n’est plus 2012, c’est 1980, année où toute la famille Cartier et les voleurs ont été déplacés sans explications. Le fait assimilé, il faut faire face : David se retrouve à la tête d’une gargote pas encore minable parce pas encore ouverte et endetté jusqu’au cou ; Anna n’est plus chirurgienne ; Agathe doit apprendre à vivre dans un monde où la communication entre jeunes ne passe pas par le smart phone. Certes, ces dames s’en accommodent fort bien : l’une parce que sa connaissance de l’avenir lui établit sa réputation de voyante et remplit son portefeuille tandis que le père en devenir de son petit ami de 2012 lui fait les yeux doux ; l’autre parce que son patron ressemble à George Clooney. Pour David, c’est plus dur...

Ce n’était pas la peine de préciser que Tim Sliders est un scénariste franco-américain - de renom, paraît-il - tant sa profession sue au travers de la trame de Timeville, puise abondamment dans les scénarios du genre mais ne produit absolument rien d’innovant. Le retour accidentel dans le passé familial suite à une crise conjugale, c’est Peggy Sue s’est mariée. Un accident temporel qui se dénoue par une fin romantique, c’est Un jour sans fin. Une relation ambiguë qui se dessine, c’est Retour vers le futur, auquel il est fréquemment fait référence.

En fait Timeville, c’est la forme livresque de ces animations powerpoint ou de leurs équivalents textuels que l’on trouve sur les réseaux sociaux et qui clament la nostalgie d’une époque révolue, celle de la jeunesse. « Si vous pouviez faire ceci et cela... c’est parce que vous avez grandi dans les années... ». L’auteur multiplie les références de la culture populaire des dernières cohortes des baby boomers ou des premiers bataillons des générations de la crise. Goldorak, la purée mousseline, tout y passe, non sans erreurs parfois puisqu’un poster de Wet Wet Wet (p.30) est un peu prématuré dans une chambre d’ado de 1980.

Le récit est à l’aune de cette erreur, somme toute vénielle. Les personnages secondaires, très présents dans le récit, s’évanouissent dans la nature de l’une ou l’autre époque sans que rien ne viennent éclairer leurs destinées. L’auteur n’a pas soigné les détails et commet même une erreur dans le récit (p.231) lorsque David Cartier ne relève pas une allusion à la date du 16 août 2007. Ce manque d’approfondissement du scénario est d’autant plus frustrant que les rapports humains se résument à la très classique histoire de la famille en voie d’éclatement dont les morceaux se recollent de façon très hollywoodienne. Songeons à ce qu’aurait apporté un peu de continuité quant au devenir des cambrioleurs, de Patrick Housset, de Jean Housset ou du voisin.

Résultat, ce qui aurait fait un gentil film fait un médiocre bouquin. L’auteur s’est offert un petit trip nostalgique et s’est caché derrière un pseudonyme. Il a bien fait. Timeville ne valorisera pas son CV.

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