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Le Brouillard du 26 octobre et autres récits sur la préhistoire

samedi 31 janvier 2015, par Maestro

Christian GRENIER (1945-), dir.

France, 1981

Gallimard, coll. "Folio Junior Science Fiction", 168 p.

Le grand atout de la série d’anthologies dirigées par Christian Grenier dans la première moitié des années 1980, c’est que les nouvelles qu’il publiait étaient conservées dans leur écriture originelle, sans adaptation à une jeunesse jugée incapable de deviner par elle-même le sens de mots ou d’expressions nouveaux… D’une certaine manière, on a là le pendant adolescent de La Grande Anthologie de la science-fiction de Gérard Klein et consorts, ce qui n’est pas un mince compliment, à ceci près que le patrimoine français y avait largement sa place.

Dans ce recueil, intelligemment présenté par l’anthologiste (« Imaginer les futurs de l’homme, c’est exorciser les angoisses contenues dans notre présent ; reconstituer une fiction préhistorique, c’est partir à la recherche d’une identité perdue… », p.14), on trouve justement deux textes français. « Le brouillard du 26 octobre  » (1912), qui a donné son nom à l’ouvrage, est un récit classique de Maurice Renard, auteur majeur du « merveilleux scientifique » qu’il a largement contribué à théoriser. Il s’agit de la translation non explicitée de deux chercheurs dans le lointain passé de la Champagne, un texte riche en descriptions, duquel ressort surtout l’insistance sur la mer source de vie et l’hypothèse d’une origine aérienne de l’humanité, qui expliquerait le désir de l’homme moderne de renouer avec les cieux… On notera toutefois que le coup de feu tiré par le narrateur sur un de ses « aïeux » n’induit pas le type de dérèglement mis en scène par Ray Bradbury dans « Un coup de tonnerre » (titre d’un autre recueil de la même collection) quarante ans plus tard.

« Une fenêtre sur le passé » (1961), de Francis Carsac, ressemble un peu trop au précédent pour véritablement convaincre. Là aussi, un chercheur se retrouve, à la faveur d’un orage, face aux habitants originaux de la grotte qu’il est en train d’explorer, mais la brièveté de l’expérience rend encore davantage ce récit relativement anecdotique. Celui de Poul Anderson, « Souvenir lointain » (1957), d’ailleurs repris dans Histoires de voyage dans le temps, est d’une autre trempe. Le procédé de plongée dans le passé relève ici de l’hypnose, et le protagoniste se retrouve à l’aube de l’humanité, dans la peau d’un Cro-Magnon contraint d’aller délivrer sa promise aux mains d’une tribu de Néandertals. Poul Anderson réussit une immersion digne de celles pratiquées par Rosny aîné, et la chute de sa nouvelle est de celles qui marquent, interrogeant sur la nature de la beauté.

Le texte d’Ivan Efremov, un des auteurs phares de la science-fiction soviétique, se révèle plus laborieux et didactique. « L’ombre du passé » (1954) évoque la quête d’un paléontologue (grand amateur des romans préhistoriques de Rosny aîné, d’ailleurs, projection probable de l’auteur), qui a découvert par hasard, au cours d’une expédition en Asie centrale, que la nature avait impressionné certaines couches géologiques de la même manière qu’un appareil photographique, laissant à la postérité des images toute droit venues de la préhistoire. Le sujet ici développé n’est pas sans évoquer Le Maître de la lumière de Maurice Renard, mais en dépit de la romance légèrement esquissée en arrière-plan de l’intrigue scientifique, la nouvelle demeure relativement clinique, occasion de faire l’éloge de l’URSS, de son vaste territoire offrant un champ d’action prometteur aux chercheurs, et de la supériorité du travail collectif de tous, scientifiques mais également chauffeurs ou cuisiniers…

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