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Le Château des millions d’années (Tétralogie des origines, 1)
samedi 23 mai 2015, par
Stéphane PRZYBYLSKI
France, 2015
Le Bélial’, 368 p.
Stéphane Przybylski est un nouveau venu dans le monde de la fiction, et le moins que l’on puisse dire, c’est que son entrée se fait par la grande porte : un feuilleton numérique, proposé ensuite en version papier par le Bélial’, dont on connaît le perfectionnisme, et qui n’est en fait que le premier tome d’une série de quatre… L’homme n’est toutefois pas un débutant en écriture, puisqu’il dispose d’une expérience en tant qu’historien militaire, ayant publié en particulier sur la guerre de 1870. Cette formation historique se ressent avec le contexte mis en scène dans son premier roman, au point parfois, d’ailleurs, de ralentir l’intrigue proprement dite et d’accorder une trop large place à la vulgarisation (une bibliographie est fournie en annexe).
Le sujet choisi ne brille pourtant pas par son originalité, puisqu’il est une nouvelle fois question des nazis. Le personnage central, Friedrich Saxhäuser, officier SS, s’avère toutefois doté d’une certaine profondeur. Aux premières loges des événements, ayant été très tôt le garde du corps attitré d’Hitler, qu’il a protégé lors du coup d’Etat manqué de 1923, il s’est mis progressivement à douter, son nationalisme viscéral s’accordant mal des violences gratuites des nazis, comme durant la nuit des longs couteaux, à laquelle il prit part malgré lui. Si ce caractère torturé peut de prime abord surprendre, paraître même excessivement ambigu, il n’est pas sans rappeler en partie celui de ces communistes soviétiques demeurés fidèles à Staline au moins un temps en dépit des atrocités des années 1930… Autre atout de ce roman, dont le titre évoque à la fois un recueil de Robert Sabatier et un temple égyptien justement cité, sa structure, qui alterne déroulement chronologique classique et nombreux retours en arrière, offrant un tableau éclaté de l’intrigue et du contexte général.
Nous sommes en effet à la fin des années 1930, alors que la Seconde Guerre mondiale est sur le point d’embraser la planète. Saxhäuser est chargé par ses supérieurs, Himmler et Heydrich, de se rendre en Irak afin d’accompagner une mission archéologique, tout en explorant les possibilités d’alliance avec des mouvements arabes contre la domination britannique locale. Ce faisant, Saxhäuser et le scientifique amateur Schmundt vont découvrir, dans un cirque situé au nord-est du pays, l’existence d’une race humanoïde inconnue, dotée qui plus est d’artéfacts technologiques très avancés. Sortant victorieux de l’affrontement, Saxhäuser et Schmundt parviennent à exfiltrer du pays des preuves de leur découverte, mais doivent affronter à la fois les efforts des alter-humains et des services secrets britanniques pour conserver leurs trouvailles. Parallèlement, Saxhäuser est régulièrement visité par un jeune garçon arabe, qui ne semble être que l’apparence utilisée par une force mystérieuse afin de le guider dans des enjeux cosmiques semblant le dépasser.
On aura reconnu dans cette trame une des thématiques liées aux nazis ayant le plus nourri l’imaginaire, celle de l’occultisme, de l’histoire mystérieuse et des soucoupes volantes. Derrière la recherche de traces des Aryens originels, à la source de toute civilisation, c’est en réalité l’idée d’un peuple extra-terrestre ayant ensemencé les sociétés humaines, maya ou égyptienne en particulier, qui resurgit. Dès lors, et bien que le roman soit habilement construit, agréable à lire et solidement appuyé sur l’histoire, on referme les dernières pages avec un sentiment de déjà vu, que les tomes suivants devront absolument s’ingénier à dissiper…