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Cap sur l’Armageddon
samedi 19 septembre 2015, par
David WEBER (1952-)
Etats-Unis, 2007
Bragelonne, 2010, 672 p.
J’ai commencé par trouver l’idée très intéressante. En s’étendant dans la galaxie, la fédération terrienne entre en contact avec les Gbabas, une civilisation prédatrice qui détruit toutes celles qu’elles rencontrent. Au terme d’une lutte d’un quart de siècle, les Terriens savent qu’ils vont mourir et tentent leur va-tout en installant secrètement sur une planète une ultime colonie pour que l’humanité survive, un peu à l’image de Fondation. Pour sa survie, le plan prévoit de limiter d’abord le développement technologique afin de ne pas se faire repérer et de se donner le temps de dépasser la puissance gbabas, mais certains responsables outrepassent les objectifs et prennent le contrôle des opérations : en conditionnant les colons alors en hibernation, ils installent des interdits religieux quant à la recherche scientifique et créent une Eglise qui domine ce nouveau monde baptisé Sanctuaire. La Terre est oubliée et une civilisation médiévale se développe.
Cela m’a immédiatement évoqué un autre livre de Weber, L’Option Excalibur, écrit bien avant le cycle Sanctuaire mais publié en France bien après. A un moment de ce petit livre, l’auteur dissimulait pendant des siècles des Terriens qui surgissaient ensuite, dotés d’une technologie plus développée, et sauvaient in extremis la Terre d’une invasion. Cependant Weber usait d’une ellipse dans son roman qui faisait disparaître toute la partie du développement caché, ce qui m’avait frustré [1].
Malheureusement, je devais être une nouvelle fois déçu car, dans Sanctuaire comme dans L’Option Excalibur, ce ressort n’est que secondaire et ici ne vise qu’à réunir certaines conditions. En effet, le choix opéré d’effacer les mémoires n’est pas du goût de tous et une faction des dirigeants tente de s’opposer en d’abord en vain, mais ils laissent un dernier atout en un clone biocybernétique de Nimue Alban, une officier des forces de la fédération morte dans le dernier combat. Cachée dans un repaire sous une montagne, dotée d’une technologie et de capacités sans équivalents sur Sanctuaire, la jeune femme va poursuivre la mission : amener l’humanité jusqu’à la victoire sur les Gbabas. Il va lui falloir d’abord lutter contre l’Eglise ennemie. Pour ce faire, elle devient homme et sous les traits de Merlin sauve l’héritier du royaume de Charis, un Etat moins bien contrôlé par l’Eglise que les autres. En devenant le garde-du-corps du prince et le conseiller du roi Haarhald, elle/il acquière la possibilité d’agir sur l’histoire humaine et d’aider au développement du royaume.
J’ai d’abord pensé que cela lui prendrait un à deux tomes d’une trilogie publiée chez Bragelonne, les deux autres étant L’Alliance des hérétiques et A armes inégales, avant de voir les Terriens vaincre les Gbabas. Une petite recherche rapide m’a montré mon erreur : sept tomes existent dans la série SanctuaireHuit en fait en octobre 2015, les trois premiers seulement ayant été traduits en français avant que Bragelonne n’abandonne comme souvent à son habitude soit faute de succès, soit devant des droits d’auteurs exorbitants. A ce stade mon intérêt initial a été sérieusement douché.
L’ennui de la lecture a fini par le noyer. Je ne retrouvais pas dans Cap sur l’Armageddon le talent de l’auteur de Mission Basilic pour mettre en scène des plans stratégiques bien troussés. Au contraire, le récit n’avance pas et je me demande encore comment David Weber a pu voir un intérêt à confronter un être supérieur à une technologie médiévale, la différence faisant du premier une quasi-divinité. Le livre m’est tombé des mains et je suis passé à autre chose...
[1] En fait L’Option Excalibur s’inscrivait dans le cadre d’une série de SF militaire de David Drake ; la colonie cachée n’était donc que secondaire dans ce récit.