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HOLOCAUSTE 2000
samedi 3 août 2002, par ,
Alberto DE MARTINO (1929-)
Grande-Bretagne & Italie, 1977
Kirk Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Virginia McKenna
A première vue, on pourrait voir Holocaust 2000 comme s’inscrivant dans la lignée de ces films, tels La jetée ou La bombe, qui dénoncent les dangers du nucléaire. Mais là où les deux métrages cités s’intéressent au versant militaire, le plus visible et effrayant, de Martino choisit de cibler son regard sur le nucléaire civil.
Robert Caine est très riche (grâce à sa femme qui le hait), son fils est un génie en physique nucléaire, en plus d’être un beau blond aux yeux en amandes (et qui répond au joli prénom d’Angel), et il veut construire une centrale thermonucléaire géante en Terre Sainte. Son but, aider les pays du tiers-monde en leur fournissant de l’énergie. Soit. Mais tout le monde est contre lui parce que sa centrale peut faire péter la planète : sa femme, les autorités politiques du pays d’accueil, des scientifiques, jusqu’à la foule qui manifeste sans cesse sous ses fenêtres. Ben oui, l’époque est à la montée en puissance des idées écologiques, l’influence encore sensible du tiers-mondisme, la crise de l’énergie, et la dénonciation des risques de l’énergie nucléaire. Mais ce n’est pas là le problème puisque les gêneurs sont assassinés (sauf la foule mais elle ne perd rien pour attendre, si j’ai bien compris le principe de l’apocalypse).
Partant de la présence sur les lieux de la construction d’une grotte dans laquelle se trouvent des fresques chrétiennes antiques, on en vient donc à faire un parallèle entre énergie nucléaire et apocalypse, d’autant que cette centrale d’un nouveau type (la fission atomique y serait générée par un rayon laser) est la matérialisation du dragon à sept têtes du fameux texte de Jean (les sept turbines de la construction). De ce fait, on peut surtout rapprocher ce film de La malédiction, car les forces du mal, celles de l’antéchrist, s’incarnent dans Angel (sic !), sorte de Damien alternatif, qui se fait l’instrument de la fin du monde, en ayant d’abord assassiné son frère jumeau à la naissance, puis en tuant (involontairement ?) sa mère, avant de prendre la tête de l’entreprise de son père, écartant ce dernier sous prétexte de maladie mentale.
En fait, ce n’est même pas cela qui va entraîner le rationnel Robert Caine sur le chemin du doute et de la rédemption. Non : il voit juste le nom de Jésus partout et il a de très sérieux doutes sur l’humanité de sa descendance. Oui, ça ne tient pas debout, mais c’est ça qui est marrant. Ainsi, si l’apocalypse est omniprésente par une série de symboles qui sont martelés lourdement par le réalisateur, l’histoire est celle de l’accession à l’humanité de Robert Caine. Le climax du film n’est pas la construction de la centrale nucléaire, qui devient de plus en plus secondaire, mais la découverte de l’identité de l’antéchrist, fruit des amours de Robert. Mais le scénariste, s’appuyant sur le nombre de cornes du démon (environ deux), a décidé qu’il aurait plusieurs enfants. D’où une scène horrible où la mère du petit dernier, cernée, tente d’échapper à une IVG pas si volontaire que ça. Ça dérive bien gravement, avec aussi une scène à l’asile, où le héros manque de se faire bouffer tout cru par une armée de fous.
Manichéiste jusque dans sa mise en scène, ce film, délicieusement pessimiste et qui ne cherche pas midi à quatorze heures pour mélanger le nucléaire et l’Apocalypse de saint Jean, est, comme beaucoup de ses petits copains, marqué par l’esthétique de l’époque. La réflexion sur le développement, sous-entendue dans l’intrigue, n’est malheureusement pas exploitée : le tiers-monde, pour s’enrichir, peut-il prendre le risque de mettre à profit l’énergie nucléaire, qui plus est en provenance des pays du Nord ? En outre, on n’évite pas toujours la naïveté, comme dans la scène avec la biche dans la résidence secondaire de Caine, sorte de plaidoyer pour un retour à la nature... C’est en tout cas cette dénonciation du nucléaire qui fait l’originalité de Holocauste 2000 par rapport à La malédiction, plus efficace dans son genre car moins poussif. Il reste un film plutôt réussi, bien que trop prévisible.
Une scène rigolote : Kirk Douglas rêvant de lui, nu, voyant la fin du monde arriver. Un autre truc rigolo : des fois qu’on puisse le rater, le même générique est servi au début et à la fin du film.