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L’Empire des Steppes (Jour J, 22)

samedi 28 novembre 2015, par Maestro

DESSIN : GUERA

SCENARIO : Fred DUVAL (1965-), Jean-Pierre PECAU

Couleurs : Jean-Paul FERNANDEZ

Delcourt, coll. "Néopolis", 2015, 56 p.

L’Empire des steppes, plusieurs fois reporté, nous plonge en plein Moyen Âge central, dans une aventure plutôt ambitieuse, car prévue pour se décliner sur deux albums (la suite, baptisée Stupor Mundi, sera probablement le vingt-quatrième tome). Comme dans l’uchronie de Meddy Ligner, Les Roses de Karakorum (parue aux éditions Armada), ce vingt-deuxième épisode de la série Jour J imagine une déferlante mongole encore plus puissante qu’elle ne le fut en réalité, la mort d’Ogodeï, fils et successeur de Gengis Khan, ayant apparemment été évitée.

L’offensive des armées du khan, en ce milieu de XIIIe siècle, les a portées jusqu’au cœur de l’occident, à Rome précisément, mise à sac et détruite de fond en comble. Une union sacrée se met donc en place à l’appel du pape réfugié à Avignon (avec un peu d’avance sur notre continuum), rassemblant les principaux souverains et seigneurs, ainsi que les ordres de chevalerie comme les Templiers ou les Teutoniques. L’intrigue se déploie en deux faisceaux, chacun étant relié à l’autre par un lien fraternel. La préparation de la résistance armée à la horde mongole implique en effet le fils d’un seigneur de Normandie, Renaud de Barville, tandis que son frère, Guillaume, membre de l’ordre des Franciscains et usant de manière fort leste de ses poings, se voit engagé dans une mission diplomatique ayant pour but de rallier Karakorum, capitale des Mongols, afin de les convaincre de mettre fin à l’écrasement en cours de la chrétienté. Renaud va donc assister de loin aux préparatifs de la bataille massive censée stopper l’invasion mongole, où Aleksandar de Kestutis, ancien chevalier du roi de Pologne, s’oppose aux grands seigneurs de l’armée, lui qui est plus au fait des stratégies mongoles. C’est de lui que Renaud se rapprochera, ce qui sauvera sa vie lors de la terrible confrontation finale. Parallèlement, Guillaume de Barville, arrivé au Moyen Orient, y fait la connaissance d’un prêtre nestorien et d’un esclave ismaélien, qui changeront tous deux sa destinée… Le scénario de ce vingt-deuxième Jour J est habilement construit et plutôt convaincant, ayant le mérite de mettre l’accent sur cette invasion mongole totalement absente de l’enseignement secondaire alors qu’elle fut un événement capital, voire décisif, de l’évolution de l’Ancien Monde. L’album est alors l’occasion, à plusieurs moments, d’évoquer les us et coutumes de ce peuple lointain.

Cependant, les clins d’œil auxquels les albums situés dans un cadre contemporain nous avaient habitués cèdent ici la place à de l’action pure, et si l’on doit repérer un message implicite dans L’Empire des steppes, c’est une critique voilée des religions, plus particulièrement des discordes religieuses, que ce soit celles des chrétiens (avec la présence d’hérétiques cathares) ou celles des musulmans (avec la dissidence ismaélienne, elle-même surgeon minoritaire du chiisme, adepte en particulier de la réincarnation), derrière laquelle on peut percevoir l’ombre de « l’esprit du 11 janvier ».

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