Le Marteau de Thor (Tétralogines des Origines, 2)

Stéphane PRZYBYLSKI

France, 2015

Le Bélial’, 480 p.

Après Le Château des millions d’années, voici donc un an plus tard le deuxième volet de l’ambitieuse « Tétralogie des Origines ». Comme dans le premier tome, l’action est subdivisée en sous-chapitres qui vont et viennent dans le temps, permettant de mieux connaître le passé de certains personnages (comme celui de l’ultra-violent Rourke, ou l’amitié liant Saxhäuser et Erchlingen, qui remonte à la Première Guerre mondiale) et de bénéficier d’éclairages contrastés quant à certains événements.

Après le naufrage du yacht qui transportait Saxhäuser et l’archéologue Schmundt, le premier a été sauvé par les mystérieux extra-terrestres découverts en Irak, tandis que le second se retrouvait prisonnier des Britanniques. Hitler et Himmler, qui ne connaissent pas le sort réel de Saxhäuser, mandatent donc une mission destinée à libérer les captifs, localisés en Cornouailles. Le Marteau de Thor délaisse ainsi majoritairement Saxhäuser dans sa première moitié, même si les révélations qui lui sont faites sont d’un intérêt crucial. Les extra-terrestres découverts cherchent en effet à préparer la Terre à leur installation définitive, eux dont le monde est à l’agonie. Pourtant, l’avant-garde qui a choisi de préserver Saxhäuser n’est pas tout à fait en accord avec le gros de l’invasion, sur le point d’arriver en approche de la Terre…
Cet éclairage voisine avec des considérations plus terre à terre. Le gros du roman nous permet en effet d’approfondir notre familiarité avec les structures du pouvoir du IIIème Reich (outre Hitler, on croise Heydrich et Hess, ainsi que Canaris, responsable de l’Abwehr), et nous introduit également en partie dans les rouages des services secrets et gouvernementaux du Royaume-Uni, mais plutôt à la base. Par le biais de quelques personnages encore en grande partie énigmatiques, nous découvrons enfin des agents opérant aux Etats-Unis, mais en marge des autorités américaines comme britanniques. On sent ici clairement l’influence de la série X Files, avec cet arrière-plan de manipulations occultes, voire de conspiration supranationale.

Quant au reste, les descriptions sont toujours très détaillées, les efforts de reconstitution historique solides, l’immersion crédible, et certains personnages possèdent une épaisseur très authentique : citons en particulier Maud Alten, femme forte, à l’appétit sexuel très développé et aux convictions national-socialistes chevillées au corps. Mais tout ceci se fait au détriment de la dimension la plus science-fictive, en privilégiant l’aspect thriller, ce que l’on pourrait fort bien diagnostiquer comme un relatif déséquilibre. Dès lors, le caractère prenant de l’intrigue a tendance à marquer le pas, alors que l’originalité limitée du sujet choisi aurait sans doute nécessité plus de dynamisme, de diversité dans les lieux et les situations.