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Touch

Du bout des doigts

samedi 12 mars 2016, par von Bek

Claire NORTH [Catherine WEBB] (1986-)

Grande-Bretagne, 2015

Delpierre, 2015, 408 p.

En pleine journée, dans la station de métro de la place Taksim, un homme exécute de sang froid une femme. Lui sait qu’elle n’est que l’un de ses objectifs. L’autre objectif vient de s’évader, par un simple contact de la peau, se transférant dans un autre corps comme il le fait depuis des siècles. C’est le narrateur et il n’a plus qu’une volonté : découvrir qui lui en veut.

Je n’avais jamais lu de livre de Claire North. Il faut dire que je ne la connaissais même pas avant que Maestro, toujours soucieux de travailler au vidage de mon porte-monnaie et au remplissage de ma bibliothèque, ne m’indique Les Quinze premières vies d’Harry August et que, de fil en aiguille, je mette aussi la main sur Touch par lequel je commençais, sans même savoir que nombre de bloggeurs qui avaient lu et apprécié les deux romans, reprochaient néanmoins au deuxième des similitudes avec le premier. Ce n’est pas plus mal, car je n’avais donc aucun point de référence en abordant Touch et j’ai été conquis.

Le style a beaucoup aidé. Quoique jeune, Claire North maîtrise étonnement les techniques narratives, jouant ici sur des retours en arrière destinés à dévoiler quelques épisodes lointains de la vie de l’entité tout en posant quelques pierres utilisées ultérieurement dans la construction de l’intrigue. S’il a été reproché à l’auteur d’abuser de clichés sur les lieux où se déroule l’action, notamment en France, j’ai pour ma part trouvé que les descriptions contribuaient magnifiquement à la construction de l’ambiance générale du livre. Sans sacrifier à une certaine qualité littéraire - toute proportion gardée, faut-il le dire ? -, Claire North a su donner une certaine efficacité à sa plume, parfaitement adaptée au genre vers lequel elle a orienté son récit.

Paradoxalement, si celui-ci est définitivement fantastique, il est aussi, par choix, un thriller, puisqu’il met en scène une chasse à l’homme (sic) où, de manière très classique et sans grande originalité, le chassé devient le chasseur. Ce choix du thriller est en revanche très original, car l’idée d’une entité - dont on ignore le sexe tout au long du roman - capable de changer de corps, moyen grâce auquel il traverse les époques, évoque davantage les histoires de vampires, de sociétés secrètes et de complots. Sans surprise, le lecteur apprendra l’existence d’une société secrète qui s’est donné pour but l’élimination des créatures similaires au narrateur. Car il y en a plusieurs, comme on peut s’y attendre.

L’association du thriller et du fantastique n’est pas en soit originale, tout comme le concept de la créature capable de se transférer. D’ailleurs, sans l’avoir lue, je connais au moins une trilogie, de fantasy cependant,- celle du Dernier souffle de Fiona McIntosh - qui repose sur un procédé similaire. Gageons que la profession du narrateur est en revanche très créative. C’est la finalité même de l’intrigue, davantage une enquête qui est originale. D’aucuns pourraient reprocher à Claire North d’avoir écarté une foule d’idées qui auraient pu nourrir toute une série ou rallonger le présent roman. La série télé Highlander, qui offre de fortes ressemblances avec ses immortels et les guetteurs, a fait des choix différents.

En privilégiant une certaine brièveté et l’efficacité, l’auteur a peut-être commis quelques maladresses, y compris dans la vraisemblance factuelle de l’histoire avec la relation entre l’entité et un de ses hôtes, et dans un dénouement un peu brutal, cela ne gâche pas vraiment le plaisir de la lecture de Touch car je n’ai pas eu le temps de m’y ennuyer.

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