Accueil > BDSF > Jour J > Notre-Dame de Londres

Notre-Dame de Londres

dimanche 2 octobre 2016, par Maestro

DESSIN : Léo PILIPOVIC (1969-)

SCENARIO : Fred DUVAL (1965-), Jean-Pierre PECAU

Couleurs : THORN

Delcourt, coll. "Néopolis", 2016, 56 p.

France, 2016.

Delcourt, Série B, 58 pages.

Dans ses dernières incarnations, la série uchronique Jour J a eu tendance à privilégier davantage les époques plus anciennes, là où les dix premiers tomes se déroulaient exclusivement dans l’époque contemporaine, le XXe siècle en particulier. C’est un peu comme si après avoir apprivoisé les lecteurs en privilégiant des repères historiques connus du plus grand nombre, les maîtres d’œuvre de la série, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau, se lançaient dans des périodes et des points de divergence plus originaux. Le Moyen Âge n’a ainsi été arpenté qu’à partir du tome 22, L’Empire des steppes, puis sa suite Stupor Mundi, et le 26ème épisode, La Ballade des pendus, se situera pour sa part à la toute fin de ce millénaire.

Notre-Dame de Londres, quant à lui, se déroule au début du XIIIème siècle. Il suit le parcours d’un chevalier français, Amaury de Châtillon, templier (dont l’ordre est loin, très loin d’être idéalisé) engagé dans nombre d’événements majeurs du temps : la prise de Constantinople lors de la quatrième croisade, l’affrontement entre Philippe Auguste et Jean sans terre, la geste de Robin des Bois ou l’hérésie des Cathares et leur résistance autour de Montségur. Efficacement construit sur le mode du flash-back, l’album vaut surtout, plus que par le personnage d’Amaury, grâce à celui d’Ariana. Ce prototype de la femme sensuelle, généreuse dans sa plastique et un rien cliché au regard de sa poitrine presqu’artificielle tellement elle est gonflée, est en effet dotée d’une sacré personnalité, et sous des apparences de sorcière, fait figure de militante féministe dans une époque qui ne le favorisait guère ! Surtout, avec ses amis compagnons, elle incarne une sorte de société secrète s’efforçant, en dépit des difficultés (la disparition d’Arthur, petit-fils d’Aliénor, formé pour défendre leurs idées), d’infléchir le cours de l’histoire vers une monarchie éclairée et limitée ; dans cette optique, la Grande Charte fait figure d’avancée majeure, fidèle à une vision libérale finalement assez classique.

Pourtant, et même si cette dimension uchronique en ressort finalement de manière marginale face à l’histoire secrète, il y a bien une intrigue touchant au déroulement de l’histoire tel qu’on le connaît : l’héritier de la couronne de France, Louis, futur Louis VIII, triomphant de Jean sans terre et récupérant l’allégeance de Guillaume le Maréchal, met la main sur l’Angleterre, et signe dans un premier temps la Grande Charte afin de se rallier les barons locaux, avant de se rétracter. Voilà un scénario original, qui a le mérite de ramener à la surface un épisode peu connu de l’histoire de France, cette occupation -provisoire dans notre continuum- de l’Angleterre, Sans doute un tel album, particulièrement riche et varié, rempli de combats et d’action, gagnerait-il à bénéficier d’une suite, afin d’explorer au mieux les conséquences d’une telle divergence historique, la succession de Jean sans terre, débouchant normalement sur le règne d’Henri III, étant ici forclose.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?