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Derniers meurtres avant la fin du monde

dimanche 16 octobre 2016, par von Bek

Ben H. WINTERS (1976-)

Etats-Unis, 2012-2014, The Last Policeman

Editions Super 8, 3 volumes, 2015-2016

Bien que le décès de Peter Zell, employé d’une compagnie d’assurances, ressemble fort à un suicide, l’inspecteur Henry Palace de la police de Concord, New Hampshire, entretient l’intime conviction qu’il n’en a que les apparences. Aussi commence-t-il son enquête, notant tout méticuleusement dans ses carnets bleus. Aux yeux de ses collègues, du procureur et de tout le monde en fait, ce jeune inspecteur récemment promu donnerait déjà en temps normal l’impression de faire du zèle. Un paramètre change tout : dans six mois, une météorite de 6,5 km de diamètre va percuter la terme, déclenchant à échéance immédiate ou brève, la fin du monde, une extinction de masse semblable des dinosaures. Alors un suicide dans un McDo, qui s’en soucie quand les suicides abondent, quand les renoncements devant les devoirs professionnels et familiaux se multiplient pour réaliser in extremis un dernier rêve ou s’abrutir dans les plaisirs en attendant l’issue fatale ? Henry Palace justement. Un homme dont le rêve a toujours été d’être policier. Et même six mois après, 77 jours avant l’échéance, tandis que, que le monde s’enfonce doucement dans le chaos, que les dernières façades de la tranquille normalité s’effondrent, Henry Palace vient en aide à son ancienne baby sitter pour retrouver son mari (J-77, 2016) puis, plutôt que de couler ses derniers jours en une compagnie choisie, il part dans Impact à la recherche de sa sœur qui a basculé dans le complotisme.

En de rares occasions il arrive que des livres vous prennent aux tripes. Non seulement Ben H. Winters réussit cet exploit mais il le fait par trois fois et profondément. Peut-être son histoire ne marchera pas avec tous les lecteurs, mais dans mon cas, il m’a bel et bien piégé. En le lisant j’ai éprouvé ce mélange de résignation et d’entêtement, de peur, de colère et d’espoir qui baigne ces trois histoires, autant de sentiments qui s’incarnent en fait dans les deux personnages principaux de Henry Palace et de sa sœur Nico. Tandis que la déliquescence se répandait - au fur et à mesure la situation se dégrade et la société bascule, se désintègre -, je me suis retrouvé à partager ce sentiment de fin imminente et, paradoxalement, à la refuser en me raccrochant au discours de Nico.

La trilogie de Ben H. Winters a l’élégance du génie, de la simplicité et du talent de son auteur.

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