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HOWARD, UNE NOUVELLE RACE DE HEROS

avril 2001, par Palplathune

Willard HUYCK (1945-)

Etats-Unis, 1986, Howard the Duck

Jordan Prentice, Lea Thompson, Jeffrey Jones, Tim Robbins, Ed Gale

Venez, venez ! Je suis heureux que vous souscriviez à la pétition de réhabilitation de ce petit joyau incompris qu’est Howard The Duck. Remontons dans le temps ensemble pour mieux comprendre la raison du racisme anti canard dont fut victime le film. Au début des années 80 le couple Gloria Katz et Willard Huyck faisait partie des scénaristes les plus talentueux de l’écurie Lucasfilm ayant entre autres bossé sur American Graffiti et Indiana Jones et le temple maudit. Alors qu’ils travaillent sur le script de Radioland Murders en compagnie de tonton George, celui ci leur fait connaître le comic Howard The Duck dont il est un fervent adepte. Très intéressés par le concept du comic les scénaristes achètent les droits de l’adaptation ciné et requièrent l’aide de Lucas pour faire le film. Ce dernier accepte et collabore au scénario (mais ne sera pas crédité) ainsi qu’à la production. Mais un problème se fait jour l’Universal n’appréciant pas la direction prise, tendance film noir décalé (genre Roger Rabbit), lui préférant un aspect plus Ghostbusters et fun. Finalement le film est réalisé dans l’optique souhaité par le studio. Problème : à la sortie du film les critiques son assassines et c’est le bide total ! Depuis tout le monde semble s’être donné le mot pour l’oublier. Et pourtant tout cela est bien injuste, je viens à peine de le revoir avant d’entamer cette critique et me suis franchement éclaté. Donc une seule chose à dire : réhabilitons Howard !!!

Howard est un canard tout ce qu’il y a de plus normal bossant pour une agence de pub et abonné à Playduck. Un soir qu’il regarde la télé chez lui il se voit aspiré dans l’espace pour finalement atterrir sur la Terre. D’abord décontenancé, il fait la connaissance de Beverly, une chanteuse rock, qui va l’héberger. Grâce à son aide il apprend comment il est arrivé sur Terre : une expérience scientifique ratée en est la source. Les scientifiques menés par le docteur Jennings et assisté du délirant laborantin Phil Blumbert s’accordent avec Howard pour le renvoyer chez lui. Malheureusement le jour dit l’opération rate de nouveau, pire encore il semblerait bien qu’autre chose ait été ramené de l’espace...

On peut être fan d’un film et être conscient de ses défauts. Surtout que dans Howard ils sont assez flagrants. Le premier tient au concept même et à la façon dont il a été vendu. A priori on est en face de quoi ? D’une comédie fantastique dont le héros est un canard. On est pas loin d’un Disney (horreur !), c’est à dire d’un film grand public visant plutôt les enfants (et accessoirement très con). Mais Howard vise en réalité les adolescents. Il suffit de voir la première séquence où Howard se gratte les couilles en regardant la TV puis jette un coup d’oeil à son Playduck pour le comprendre. Et voila comment on aboutit à une mésentente entre le film vendu et le résultat final. Le fait que Tonton George ait été associé au projet n’a d’ailleurs pas du rendre les critiques plus gentilles, bien au contraire. Le four qu’a connu Howard doit certainement beaucoup à ce problème.

Second problème : Howard himself. Pour lui donner vie Willard Huyck opte pour un acteur en costume. Plutôt logique d’ailleurs car les autres possibilités n’étaient pas franchement nombreuses. Malheureusement la technique de l’époque était encore loin du top et notre brave Howard manque sérieusement de crédibilité. Son visage manque singulièrement d’expressivité et les mouvements qu’il exécute durant le film rappelle plus ceux d’un nain (Jordan Prentice en l’occurrence) que ceux d’un canard. Pour autant ce problème ne choque que dans le premier quart d’heure du film et on finit par s’y habituer et croire à l’existence de cette sympathique volaille. L’excellent travail du doubleur y est probablement pour beaucoup.

Ces deux défauts ne sont donc pas en soi de gros handicapes. Et une fois qu’on rentre dans le film, c’est un régal ! Un régal parce que l’humour pratiqué est d’une efficacité désarmante. Impossible de ne pas se marrer aux nombreux jeux de mots sur les canards (pas un seul n’a été oublié !) ou aux réactions bougonnes de Howard. Tout les acteurs semblent s’être donnés le mot et s’éclatent à interpréter des personnages délirants. Jeffrey Jones (L’associé du diable, Beetlejuice) très sérieux au début du récit se met à sortir de plus en plus de (très bonnes) vannes au fur et à mesure de sa possession. Tim Robbins (L’Echelle de Jacob) pourtant habitué à des rôles plus sérieux est un laborantin complètement allumé fantasmant sur sa célébrité future. La séquence ou il teste Howard pour savoir s’il a "des supers pouvoirs" est irrésistible. Même la mignonne Lea Thompson (les Retour vers le futur) s’y met, tout particulièrement dans la séquence du sushi bar. Franchement dans le domaine de la comédie fantastique, Howard est une grande réussite.

Comme précisé plus haut, cet humour ne vise pas les gamins. Imaginez la scène ou Beverly trouve une capote dans le portefeuille d’Howard dans un film comme Le Grinch ou Les 101 Dalmatiens...Impensable, hein ? Voila pourquoi Howard est un réel plaisir. Le film se permet même d’esquisser une relation entre Beverly et Howard. On peut regretter que ça ne reste qu’une esquisse mais pour une comédie c’est quand même déjà gonflé !

Mais la cerise sur le gâteau c’est la superbe séquence finale. Apparaît dans cette séquence "un grand souverain noir de l’univers" dans sa forme réelle. Et là on rigole moins car le design de la créature est impressionnant, torturé et sombre. Elle est de plus animée de main de maître par un Phil Tipett en pleine possession de ses moyens, faisant de cette scène l’égale des meilleurs créations de Ray Harryhausen et disposant du même charme indéfinissable. Un moment de plaisir à l’état pur.

Alors franchement, après avoir lu tout ça, est ce que vous ne vous sentez pas l’envie d’adopter un canard ? N’hésitez pas plus longtemps Howard est votre volaille. Il le mérite en tout cas, et par la même occasion vous répareriez l’injustice qu’il a subie à sa sortie. Deux bonnes actions pour le prix d’une !

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