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Le Démon des glaces

dimanche 15 janvier 2017, par Maestro

Jacques TARDI (1946-)

France, 1974

Casterman, 66 pages.

Au début de sa carrière, et avant de se lancer dans Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, Tardi réalisa un album se situant en droite ligne dans le prolongement du « merveilleux scientifique » et de tout un patrimoine science-fictif national. Le choix du noir et blanc participe d’ailleurs peut-être aussi de cet hommage volontiers rétro. Le Démon des glaces privilégie en outre la forme du roman feuilleton, avec des chapitres souvent courts, et se terminant par un questionnement, forme de suspense explicite.

Tout commence par une traversée du navire L’Anjou à travers les eaux du pôle nord, et par cette découverte pour le moins singulière : celle d’un navire échoué tout en haut d’un iceberg, et dont l’équipage semble avoir été congelé sur place. L’explosion inexpliquée de L’Anjou laisse les explorateurs du vaisseau fantôme seuls, avant qu’ils ne soient récupérés par un autre bateau. Parmi ces survivants, Jérôme Plumier, qui va aller de surprise en surprise : de retour à Paris, il découvre d’abord que son oncle, scientifique amateur et ermite, est mort, puis se rend compte qu’il est suivi par une étrange vieille femme. Il décide finalement de prendre part à une expédition scientifique chargée d’élucider les disparitions de navires près du cercle arctique. Celle-ci connaît à son tour une fin tragique, et Plumier est sauvé par deux scientifiques diaboliques, qui nourrissent des projets littéralement démentiels avec pour cible l’humanité toute entière…

On retrouve, dans cette bande-dessinée, bien des thèmes, voire des stéréotypes de la première science-fiction française : le savant fou (Gelati -sic- évoquant le professeur Tornada d’André Couvreur), les appareils technologiques démesurés (le fameux démon des glaces), les guerres futures et les menaces d’extinction de l’humanité… Jules Verne vient bien sûr immédiatement à l’esprit (un des bateaux se nomme d’ailleurs le Jules Vernez, et l’ombre de Nemo et du Nautilus est palpable, sans oublier Le Sphinx des glaces), mais les clins d’œil sont plus amples (page 47, un membre d’équipage reproduit les gestes d’un des ouvriers du film Metropolis), et sur un ton profondément ironique (le retournement du pseudo héros), Tardi met en garde contre la science et son utilisation mortifère.

Quand il dessine Momies en folies (Casterman, 1978), quatrième tome des aventures d’Adèle Blansec, Tardi s’offre un hommage humoristique à sa propre œuvre en y recasant non seulement les personnages du Démon mais aussi le livre lui-même devenu un roman populaire qui n’a jamais connu le succès qu’il aurait mérité...

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