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Le Sommeil des géants (Les Dossiers Thémis, 1)
dimanche 26 février 2017, par
Sylvain NEUVEL
Canada, 2016
Le Livre de Poche, 2017, 384 p.
Nouvel auteur sur le marché de la SF, Sylvain Neuvel se lance dans un filon a priori porteur en littérature, celui de l’histoire secrète. Le pitch de son livre est relativement simple : une jeune fille découvre, le jour de son anniversaire, un gigantesque artéfact enfoui à quelque distance de chez elle. Cette main métallique, elle se retrouve près de deux décennies plus tard à l’étudier pour le compte de mystérieux commanditaires, disposant apparemment d’une certaine marge de manœuvre vis-à-vis des autorités politiques étatsuniennes. La jeune femme, Rose Franklin, est assistée dans ses recherches par la pilote d’hélicoptère Kara Resnik, au caractère volcanique et bien trempé, son copilote Ryan Mitchell, et le surdoué Vincent Couture, chargé de déchiffrer le langage des extra-terrestres.
Car c’est bien cette hypothèse qui est privilégiée, l’artéfact datant de plusieurs milliers d’années dans le passé, et n’étant en outre qu’un des éléments d’un gigantesque robot géant (l’influence des fameux méchas nippons est sans aucun doute prégnante). Toute l’intrigue de ce premier tome est donc axée sur la récupération des différents membres de l’appareil ET, la maîtrise de son fonctionnement et les relations entre individus d’un collectif aussi restreint. En soi, il n’y a rien de bien original pour les amateurs, tout au moins pour le moment, la nature exacte de ce géant féminin n’étant pas totalement élucidée, tout comme celle de ses énigmatiques constructeurs. Le rythme est soutenu, comme dans un bon thriller, tout particulièrement lorsque le robot géant entre véritablement en action : sa révélation au monde fait passer le roman dans une autre échelle, abordant des problématiques plus complexes, même si pour l’heure de manière encore partielle (la possibilité d’un front relativement uni contre l’hégémonisme étatsunien dans cette affaire nous semble par exemple quelque peu sous-estimée).
Sylvain Neuvel a sans doute voulu proposer une forme originale, chaque chapitre étant en fait une pièce d’un vaste dossier, le plus souvent sous la forme d’entretien des membres de l’équipe de recherche avec Monsieur Personne, parfois sous forme de rapport, d’article de presse, ou autre. Le problème, c’est que ce parti pris, parfaitement acceptable dans le cadre d’une nouvelle, pose problème par son systématisme et son exclusivisme dans un roman. L’autre point discutable a partie liée avec l’édition française. Le Livre de Poche a en effet choisi de publier Le Sommeil des Géants dans une collection hybride, entre format poche traditionnel et grand format ; le hic, c’est que ce moyen format arbore une mise en page bien trop aérée, dévoilant de manière fort visible l’intérêt financier de la démarche (le prix aurait pu être réduit de moitié avec un format poche classique).