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BLADE RUNNER
dimanche 29 octobre 2017, par
Ridley SCOTT (1937-)
Etats-Unis, 1982
Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young.
Blade Runner, adaptation libre du roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, par un réalisateur déjà auréolé de son succès d’Alien, est devenu au fil du temps un classique de la science-fiction cinématographique, au point d’engendrer dernièrement une suite de qualité, Blade Runner 2049.
Rappelons rapidement l’intrigue. Deckard (Harrison Ford) est un chasseur de réplicants qui se résout à reprendre du service lorsqu’une affaire particulièrement délicate lui est confiée. En 2019, en effet, des androïdes ont été élaborés, imitant à la perfection les humains, et accomplissant des tâches ingrates dans les colonies spatiales. Mais certains d’entre eux se sont révoltés, et depuis, leurs derniers représentants sont pourchassés par des enquêteurs spécialisés, les blade runners. Deckard doit justement mettre la main sur un de ces groupes de réplicants, qui cherchent à pénétrer au plus près de leur créateur, Tyrell, dirigeant de la puissante Tyrell Corporation. Son enquête l’amène à faire la connaissance de Rachel (Sean Young), prototype de réplicante encore plus élaborée, collaboratrice de Tyrell, et surtout à remonter la piste du groupe dirigé par Roy (Rutger Hauer).
Son statut de chef d’œuvre, Blade Runner le doit à plusieurs éléments. D’abord, un cadre profondément marquant et soigné, celui d’une mégapole aux fortes influences asiatiques (le Japon semble à l’époque pouvoir dépasser les Etats-Unis sur le plan économique), aux bâtiments verticaux, et dont la pyramide de Tyrell est le plus marquant, laissant dans les mémoires un souvenir aussi profond que les décors de Metropolis. En même temps, le temps généralement pluvieux, les intérieurs, les costumes, l’alcool ou les cigarettes, omniprésents, évoquent davantage les films noirs des années 1940-1950. Tout cela tisse d’ailleurs un lien étroit avec un courant de la SF littéraire ayant alors le vent en poupe, le cyberpunk.
Il y a ensuite tout le questionnement sur l’appartenance à l’humanité, ce qui définit un être humain : ses émotions ? Ses souvenirs ? Ses actions ? Son âme ? (symbole évident que l’envol de la colombe lors de la mort de Roy). C’est là tout le sens de la quête de Roy et de la relation qui s’élabore entre Deckard et Rachel. Enfin, Blade Runner ne serait pas ce qu’il est sans la bande son composée par Vangelis, dans l’esprit d’un de ses meilleurs disques studio, See You Later, justement centré sur une anticipation du proche avenir. Ses thèmes décuplent la puissance de certaines scènes ou de certains plans particulièrement réussis : centralité de l’œil, mort d’un réplicant à travers une succession de vitrines, assassinat du créateur à la Frankenstein par écrasement de ses yeux, traque au sein de l’appartement de Sebastian empli d’automates, sont autant de références à la vision et aux faux-semblants.
Tout cela fait de Blade Runner un film bien équilibré, que l’on a plaisir à revoir afin d’en décrypter toutes les apparences et les textes (certains monologues de Roy sont tout particulièrement riches). Précisons seulement qu’il convient de regarder en priorité la version définitive proposée par Ridley Scott, sans voix off.