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Vostok

dimanche 26 novembre 2017, par Maestro

Laurent KLOETZER

France, 2016

Denoël, collection Lunes d’encre, 432 pages

Faisant retour à des plaisirs solitaires, Laurent Kloetzer délaisse un temps la signature conjointe avec son épouse, en proposant un roman situé au milieu du XXIe siècle, sur une Terre anticipée qui est aussi celle de l’ambitieux Anamnèse de Lady Star. Il s’y intéresse à une autre forme d’économie que dans Cleer, puisque ce sont les filières parallèles, souterraines, du capitalisme qui sont ici au cœur de l’intrigue.

Leonora, alias Leo, est en effet la sœur du haut responsable d’un cartel d’Amérique latine, Juan. Sa vie se déroule dans les limites posées par ce frère à la fois aimé et craint, habitée par un rêve de liberté. Le jour où Juan décide de se rendre en Antarctique afin de porter un coup fatal à ses rivaux Andins, Leo voit sa vie basculer. La mort de Veronika Lipenkova, une scientifique d’origine soviétique, intégrée au plus haut niveau de la Fédération andine, pousse en effet Juan à se saisir de son matériel informatique ; mais pour accéder à ses codes les plus secrets, il doit retrouver une bactérie située dans le lac le plus profond du monde, 4000 mètres sous les glaces de l’Antarctique. L’expédition amène Juan, Leo et plusieurs collaborateurs proches, augmentés de quelques spécialistes dont Vassili, un ancien camarade de Veronika, dans la base de Vostok, la plus isolée du continent méridional. C’est là que le forage vers le lac est remis en route, alors que les tensions et les dissensions ne cessent de s’intensifier, jusqu’à conduire les survivants à un hivernage forcé, véritablement seuls dans un monde en proie à une forme d’apocalypse...

Il y a incontestablement une forme de magie, de magnétisme dans ce lieu « (…) à la frontière entre les mondes (…) » (p. 271). Dans ce désert, dont le froid fait éclater les carapaces patiemment édifiées par chacun, un petit prince fait le lien entre passé et futur : Araucan, un ghost, créature éthérée proche de Leo. Ce passé, il est emprisonné dans les couches de glace qui se sont accumulées sur la roche continentale, jusqu’à ces premières formes de vie survivant envers et contre tout dans le lac subglaciaire ; c’est également celui de l’URSS, patrie de Vassili et Veronika [1], et celui auquel donnera peut-être accès le prototype de télescope installé à Vostok [2]. De l’action, du suspense, des personnages originaux, et une poésie proche de celle du film chilien Nostalgie de la lumière, sont les composantes qui se cristallisent en Vostok, très beau roman de Laurent Kloetzer.


[1« J’étais une enfant de l’URSS, fille du Parti autant que de mes parents, et le monde dans lequel je vivais me décevait. Là-bas, près du pôle, à me battre pour extraire la glace du dos du géant, je retrouvais un monde aux intentions pures. », p. 168. Le roman reproduit d’ailleurs régulièrement des extraits d’un livre écrit par Veronika Lipenkova et ce qui ressemble fort à des pages de son journal intime.

[2La dernière partie du roman propose en outre une référence appuyée au voyage spatial, cette autre frontière de l’humanité .

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