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LIFE ON MARS (version anglaise, saison 1)
dimanche 28 octobre 2018, par
CREATEUR : Matthew GRAHAM, Tony JORDAN (1957-) & Ashley PHAROAH (1959-)
Grande-Bretagne, 2006
8 épisodes
John Simm, Philip Glenister, Liz White
Alors que le tueur en série qu’il échoue à identifier vient d’enlever sa collègue et ex-petite amie, l’inspecteur-chef de la police de Manchester Sam Tyler est renversé par une voiture et reprend conscience en 1973. Il est devenu un inspecteur fraîchement muté de la police de Hyde (on appréciera le trait d’esprit) pour celle de Manchester, sous la direction de l’inspecteur-chef Gene Hunt alors très occupé à rechercher un tueur en série aux méthodes similaires à celles de 2006. Dans un premier temps, Sam pense être en train de rêver et parle à tout le monde, et entre autre à l’agent Annie Cartwright, de son époque. Il se prépare même à sauter du toit du commissariat pour se réveiller, mais en est empêché par Annie. Ne sachant plus s’il dort ou s’il a réellement voyagé dans le temps, Sam pense qu’il est plongé dans le coma en 2006 à cause des voix qu’il entend. Cependant, dans sa peau d’inspecteur du début des années 70, il se retrouve confronté aux méthodes brutales de son chef et de certains de ses collègues, méthodes guère compatibles avec son éthique professionnelle, ce qui n’est pas sans créer des tensions, voire des bagarres.
La série, qui comme chacun sait doit son nom à la chanson de David Bowie, Life on Mars ?, reposait sur un concept original qui en a séduit plus d’un, puisque le public a accroché, les critiques ont applaudi et que les productions étrangères ont acheté la série quand elles n’ont pas essayé d’en lancer leur propre version comme ce fut le cas notamment pour les Etats-Unis. Je peine à croire cependant que ce succès ait reposé sur une nostalgie autre que musicale - la bande originale est effectivement de grande qualité, truffé de référence à la musique du temps -, car, pour le reste, j’ai trouvé cette série très... pauvre.
Pauvre d’abord parce que les moyens n’étaient pas à la hauteur des ambitions. Certes, la production a pu dénicher quelques Ford Cortina qui font époque et ont été un grand succès commercial dans les années soixante-dix, mais pour le reste, elle a dû se cantonner à des décors de zone industrielle, d’équivalents britanniques des corons, qui font certes dates avec leurs briques rouges, mais ne sont absolument pas caractéristiques de l’Angleterre de la fin des Trente Glorieuses durant laquelle les Britanniques « never had it so good », pour reprendre les mots du premier ministre MacMillan. Pire, l’image de la police qui est délivrée est caricaturale, même si plus subtile qu’elle ne le laisse paraître aux premiers abords : violente, corrompue, avec des méthodes de gangster. Elle délivre une vision erronée, marquée par les préjugés. Quand aux décors, les locaux de la police qui relèvent du hangar et ne correspondent absolument pas à leur aspect extérieur, le pub fréquenté par les policiers ou l’appartement de Tyler qui a dû être installé dans des bâtiments insalubres avant leur démolition font miteux et absolument pas réaliste quand on compare avec des productions de l’époque telles que les séries diffusées en France comme Amicalement vôtre (1971) ou plus tardivement Les Professionnels (1977-1983) de Brian Clemens ou même le Frenzy (1972) de Hitchcock. Il apparaît clairement un manque de moyens pour reconstituer l’époque en dépit du soin apporté aux fournitures. Ce manque de soin du détails, les téléspectateurs anglais l’ont apprécié différemment puisque que rapidement se sont, paraît-il, créés des groupes de discussion jouant à qui relèverait les anachronismes. Je me demande encore s’ils ont relevé que le mercredi 16 mars évoqué dans l’épisode 4 est une incongruité [1]. J’y ai vu pour ma part un manque de recherche de la part des scénaristes.
Autre signe de pauvreté, ceux-ci n’ont quasiment pas exploité leur époque. Alors que les années du ministériat Heath, sont des années au contexte social extrêmement agité, notamment dans les cités ouvrières comme Manchester, il n’est fait aucune référence aux états d’urgence dus aux grèves des mineurs de charbon ou aux autres mouvements sociaux. Le Royaume-Uni fait partie de la Communauté européenne depuis le 1er janvier, mais il n’y est fait aucune allusion, pas même eurosceptique. Certes, il y a bien la musique, qui d’ailleurs est source d’anachronismes puisque, par exemple le tube de Bowie éponyme à la série n’est sorti qu’en juin 1973, et une référence à la conservatrice Mary Whitehouse alors en lutte contre la société permissive, mais c’est tout. Tournant autour des hooligans, l’épisode 5 est un peu plus dans l’air du temps. Force est donc de constater la pauvreté de l’utilisation du contexte historique.
Non décidément, il n’y a pas grand chose que j’ai pu goûter dans cette série et elle m’a beaucoup déçu. Peu de chance que je vous parle un jour de la deuxième saison...
[1] Les mercredis de mars 1973 sont les 7, 14, 21 et 28 mars.