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Ceux qui n’oublient pas (Chaos, 1)
dimanche 29 juillet 2018, par
Clément BOUHELIER (1985-)
France, 2016
Critic, collection SF, 452 pages.
Nouveau venu dans la famille des romanciers de l’imaginaire, Clément Bouhélier a choisi de livrer un diptyque sur une thématique très en vogue et pour le coup risquée si l’on cherche à se distinguer, celle du thriller post-apocalyptique. Tout commence avec une mystérieuse femme en beige, postée à la sortie de la Gare de Lyon, se décidant à lâcher une éprouvette contenant des organismes microscopiques inconnus : ceux-ci vont s’ingénier à passer de corps en corps et à contaminer l’ensemble de la population française (on apprendra un peu plus tard que la totalité du monde semble également touchée).
Le lecteur va alors suivre la progressive progression de ce mal nouveau, à travers le sort de plusieurs personnages, visiblement immunisés : un collégien, Philibert, dont le meilleur ami est un des premiers à succomber à ce qui ressemble à un Alzheimer précoce ; une jeune femme, Chloé, rousse à la plastique avantageuse, devenue un peu malgré elle actrice X, une vraie originalité dans cette galerie de premiers rôles ; Claudy, tout juste retraité de la banque, et dont la vie semblait justement incomplète, lui qui est à la fois veuf et sans enfant ; Arthur, jeune arrivé dans le milieu politicien (il est attaché parlementaire et membre d’une équipe municipale), entretenant une relation tumultueuse avec Noémie, universitaire aux tendances dépressives.
Sans en faire trop, Clément Bouhélier décrit le lent basculement d’une société stable vers le chaos de son titre, et si le sujet choisi demeure classique et très arpenté – émeutes croissantes, autorités débordées, pillages, lutte de tous contre tous, avec de trop rares manifestations d’empathie – le temps qu’il met à brosser le portrait de ses personnages (et d’une pléiade de seconds rôles, également) parvient à tenir le lecteur en haleine. Le sort réservé aux victimes de cette épidémie change par ailleurs des sempiternels morts-vivants agressifs, ces zombies d’un autre genre ne manquant pas de provoquer un certain malaise (fixes, ils ont tendance en phase terminale de la contamination à répéter les mêmes mots…).
Surtout, la curiosité est fouettée par l’origine du mal, un étrange joueur d’orgue, décrit comme ayant des yeux couleur d’eau sale, en étant apparemment le chef d’orchestre, sans que l’on en apprenne beaucoup sur son identité ou ses motivations. Plus, il possède également un adversaire du même calibre, dont l’unique souci est de rassembler les quatre survivants afin de résister à la pandémie… De prime abord, on a là ce qui ressemble fort à une nouvelle déclinaison de l’opposition religieuse entre bien et mal, telle que la mythologie chrétienne en particulier l’a popularisée. Mais les éléments distillés sur l’origine de la dame en beige, relevant davantage des univers parallèles (elle semble avoir été une sorte de membre d’une police de la pensée dans un monde dystopique), orientent peut-être vers une nature extra-terrestre de ces deux entités antagonistes. Il faudra pour en être sûr lire le second tome !