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Planetary, tome 2 (Planetary, 3)
dimanche 7 octobre 2018, par
DESSIN : Warren ELLIS (1968-)
SCENARIO : John CASSADAY (1971-)
Etats-Unis, 2004-2010, Absolute Planetary volume 2
Urban Comics, coll. "DC Essentiels", 2017, 488 p.
Les éditions Semic avaient publié en 2004 les douze premiers épisodes de ce comics devenu désormais classique de Warren Ellis et John Cassaday, double plus contemporain et déjanté, ardu et implicite, de La Ligue des Gentlemen extraordinaires. Urban Comics a eu la bonne idée de reprendre l’intégralité de la série en deux épais volumes, dont ce second qui contient les segments 13 à 27, plus quelques épisodes intercalaires. Parmi eux, un savoureux récit où un Planetary d’une autre dimension s’affronte à Batman, Superman et Wonder Woman…
On y retrouve donc le trio formé d’Elijah Snow, personnage principal, Jakita Wagner et le Batteur, se qualifiant eux-mêmes d’« archéologues de l’étrange ». Ils continuent en effet d’explorer les non-dits et les mystères de notre époque contemporaine, dévoilant les coulisses de notre imaginaire collectif. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celles-ci ont le goût du tragique, des essais d’une arme encore plus puissante que l’atome, laissant derrière elle le corps supplicié de son géniteur, à l’expédition dramatique du Gun Club (de Jules Verne), en passant par Tarzan et la simili cité d’Opar, jalouse de son indépendance vis-à-vis du reste du monde… Sans parler de Zorro ou d’un vaisseau extra-terrestre croisant dans le système solaire, entre autres citations. On découvre également les origines des acolytes de Snow, plongée dans le passé servant à mieux se préparer à l’avenir.
Tous ces épisodes se cristallisent en effet au fil du temps en une toile narrative d’ensemble, laissant apparaître un motif d’intrigue général. Snow fait ainsi partie des enfants du siècle, ces super-humains nés au début du XXe, qui furent précédés par des personnages du XIXe – dont Sherlock Holmes, Frankenstein ou Dracula, entre autres – désireux de construire un monde meilleur en manipulant les populations pour leur bien supposé. Snow, lui, au-delà d’une volonté technophile d’offrir des progrès technologiques croissants au plus grand nombre, cherche surtout à découvrir toute la vérité sur les quatre (hommage transparent aux Quatre Fantastiques), ces astronautes revenus métamorphosés de leur voyage dans l’espace, en même temps qu’il s’efforce de retrouver, où qu’il soit, son ami Ambrose, le quatrième membre du groupe Planetary.
Le lecteur a parfois du mal à s’y retrouver dans un univers aussi foisonnant. Il faut dire qu’il s’agit ici d’un multivers nourri de physique quantique, où les Terres sont infinies, mais qui s’étend aussi à l’échelle macroscopique, jusqu’à englober l’au-delà de la vie, peut-être la véritable source des agissements de Planetary… et également celle des plantes psychotropes ! Voilà en tout cas l’exemple même du comics qu’il est nécessaire de lire et relire plusieurs fois afin d’espérer en comprendre tous les sens possibles et imaginables… La marque des chefs d’œuvre ?