L’Affaire Sonoda (Carmen Mc Callum, 1^er cycle)

Scénario : Fred DUVAL (1965-)

Dessins : GESS (1961-)

France, 1995-1997

Delcourt, 3 vol.

Ancienne de l’IRA devenue mercenaire, Carmen Mc Callum est engagée pour faire évader une détenue cryogénisée en 2038 en attendant son procès devant la justice australienne pour trafic de drogue. L’opération déraille et McCallum se retrouve en cavale, mais avec l’aide d’un nommé Russel rencontré en chemin et d’un de ses potes aborigènes. Puis tout part définitive en vrille quant à la traque policière s’ajoute celle des commanditaires de l’opération qui s’avèrent être un gang de Yakuzas. Que peut bien valoir une jeune détenue pour qu’autant de monde s’y intéresse ? Le road-movie devient space-movie quand les fugitifs se cachent dans la base lunaire de Mare Tranquillitatis, puis tourne à l’opération militaire dans Intrusions (1997).

En créant le personnage de Carmen Mc Callum, Fred Duval et le dessinateur Gess surfent sur la vague de renouveau de la BD générée par l’exemple d’Aquablue à savoir des BD aux dessins très dynamiques et aux formes attrayantes (comme l’atteste la couverture du premier tome Jukurpa) se déroulant dans un futur proche du nôtre, cédant à l’influence cyberpunk d’auteurs de SF tels que William Gibson. Ainsi l’action de ce premier cycle se déroule dans un monde technologiquement très avancé de par sa capacité à évoluer dans l’espace proche jusqu’à la Lune, l’existence de robots ou l’équipement de l’être humain en technologies telles que des interfaces de connexion au réseau. Le thème de l’intelligence artificielle et de son association au cerveau humain est au coeur de l’intrigue de L’Affaire Sonoda. Une technologie comme la cryognéisation, que le premier tome du cycle, Jukurpa, aurait pu faire croire comme essentiel à l’histoire, apparaît finalement très secondaire.

Le cadre politique est plus confus. Si les Etats existent visiblement encore, l’ONU semble avoir connu un développement important avec la création d’un département de la sécurité à de même de monter des opérations militaires relevant de la police. Sur le plan économique, le monde de Mc Callum semble à ce stade peu différent du nôtre, même si une allusion dans Mare Tranquilitatis (1996) évoque un libéralisme encore plus développé qu’à l’époque de la création de la BD avec la privatisation de l’exploitation de la Lune.

Le choix d’une héroïne, graphiquement charmante - je me permets de le souligner -, constitue un renouvellement original, tandis que le cadre des aventures offre de larges potentialités. Le scénariste Fred Duval le montre bien en créant une deuxième série se déroulant dans le même contexte quoique, étrangement, quelques mois auparavant : Travis.