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X-MEN DARK PHOENIX

dimanche 29 novembre 2020, par von Bek

Simon KINBERG (1973-)

Etats-Unis, 2019

Sophie Turner, James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Nicholas Hoult, Tye Sheridan, Alexandra Shipp, Kodi Smit-McPhee & Jessica Chastain.

Dans la galaxie comics, la saga de Phénix est un gros morceau, un très gros morceau construit par Chris Claremont et qui constitue l’ossature d’une bonne partie de la collaboration entre le scénariste britannique et le dessinateur John Byrne entre 1977 et 1980 [1] en en faisant son succès avant de hanter toute la biographie des X-Men avec des retombées dans l’univers Marvel ! Autant dire que ce n’était sans doute pas une adaptation à confier à n’importe qui, car il ne fallait pas décevoir les fans.

Or, suite à l’accueil critique mitigé donné à X-Men : Apocalypse et aux affaires judiciaires sexuelles qui secouent Hollywood ces dernières années, Bryan Singer est hors-jeu et c’est Simon Kinberg qui se retrouve derrière la caméra. L’homme n’est pas un nouveau venu dans la saga cinématographique des X-Men produite par la 20th Century Fox. En tant que scénariste, il a en effet œuvré sur X-Men, l’affrontement final, Days of Future Past et Apocalypse. Il a aussi été producteur sur ce dernier, ainsi que sur plusieurs films de super-héros [2]. C’est cependant le premier film qu’il réalise et on peut trouver étonnant qu’il lui soit confié d’emblée réalisation et scénarisation d’un film doté d’un budget de 200 millions de dollars. Chat échaudé devrait craindre l’eau froide, car Simon Kinberg a déjà essuyé un échec dans une adaptation de la saga du Phénix, puisqu’il était le scénariste de X-Men : l’affrontement final qui n’avait pas eu l’heur de satisfaire les fans.

Le film met d’abord en scène la responsabilité de Jean Grey, âgée de 8 ans, dans l’accident de voiture qui coûte la vie à sa mère et la conduit à l’école pour jeunes surdoués du professeur Xavier. En 1992, des années après les événements de X-Men Apocalypse, l’équipe des X-Men vole à la rescousse de la navette spatiale Endeavour en difficulté à l’approche d’une tempête solaire. Diablo et Jean sauvent l’équipage, mais Jean est exposée aux radiations. Miraculeusement, elle s’en sort indemne et voit même ses pouvoirs télékinésique et télépathique être renforcés au point de renverser les barrières dressées par le Professeur X pour lui faire oublier partiellement l’accident de 1975. Mais la tempête solaire n’en était pas une et la personnalité de Jean se retrouve mélangée à une entité extra-terrestre véritable démiurge et ne contrôle plus ses émotions qui la mènent à la recherche d’un père qu’elle croyait mort, puis auprès de Magnéto, retiré sur une île, s’en prenant au passage aux X-Men et aux autorités qui décident de contrôler les mutants, alors que des extra-terrestres débarquent pour recouvrir l’entité.

Comme on peut le voir, Simon Kinberg a collé au début au comics original en tenant compte des apports des films précédents et de ce qui était faisable dans le cadre d’un film. Ainsi, l’affaire de la navette est une bonne adaptation du comics. Il est concevable qu’il n’ait pas été possible de mettre en scène l’intervention de l’empire Shi’ar et le procès fait à Phénix, compte tenu des prérequis narratifs que cela aurait nécessités. Par rapport au comics, il a nécessairement fallu en rabattre en ambition. La mort de Mystique - qui met définitivement un terme à la possibilité de relier la première trilogie X-Men à cette tétralogie, alors que le premier film de celle-ci le laissait entrevoir - est parfaitement utilisée dans le scénario et ne donne pas trop l’impression de justifier un éventuel départ de Jennifer Laurence de la série. Le résultat d’ensemble, d’une durée inférieure à deux heures, est fluide, sans temps mort. Bref....

... c’est un échec ! Impossible pour moi de me départir d’un sentiment de médiocrité, au premier sens du terme, en évoquant ce film. Pourquoi ?

En premier lieu, si la réalisation ne m’a pas semblé brillante, elle ne m’a pas semblé catastrophique non plus. Toutefois, vus les maigres bénéfices engrangés par rapport au coût global, je doute que Simon Kinberg retourne derrière la caméra rapidement. Le jeu des acteurs est cependant terne. Je passe sur Sophie Turner qui ne m’a jamais convaincu et que j’ai toujours eu du mal à voir dans le rôle de Jean Grey en dépit d’une coloration capillaire adaptée et rappelant son rôle dans Game of Thrones. Famke Jensen était mieux. Mais les autres ? Tye Sheridan joue sans talent un Cyclope complétement niais et je pense que, décidément, c’est sans doute ce manque de restitution de la profondeur des personnages qui pèche.

Ce qui n’est pas sans être paradoxal, car le scénario repose justement sur leurs tourments psychologiques ! Depuis les affres de Jean Grey jusqu’à l’hubris de Charles Xavier en passant par la douleur du Fauve confronté à la mort de Mystique ou la colère de Diablo, tout dans le scénario repose sur les sentiments. Or, le réalisateur n’a pas réussi à mon sens à obtenir de ses acteurs qu’ils parviennent à rendre compte des émotions.

Ensuite, il y a les défauts du scénario. Certains personnages apparaissent comme évacués, alors qu’ils étaient soit des piliers des films précédents (Mystique), soit qu’ils apportaient une touche d’humour (Vif-Argent). Beaucoup d’autres, Cyclope, Diablo, Tornade, apparaissent d’une fadeur et sont sous-exploités en dépit du fait qu’ils figurent souvent à l’écran. On a l’impression qu’on ne pouvait pas les payer assez pour leur donner un rôle plus développé que celui de seconds couteaux. Pourtant, ils apparaissent souvent et même, dans le cas de Diablo, joue un rôle important... malheureusement sans relief.

J’ai voulu dire plus haut qu’on ne pouvait pas reprocher une baisse d’ambition par rapport au comics. Fallait-il pour autant réduire la question d’un être ayant la puissance d’un dieu tel que Phénix, à celle de traumatismes personnels relevant de la psychologie infantile ? A aucun moment dans le film, on a le sentiment que la Terre est menacée même quand les envahisseurs dévoilent leurs intentions. La puissance sans limite de Phénix n’est jamais vraiment mise en scène et, au contraire, les spectateurs retombent sur des fils relevant du drame psychologique. Ayant souvent reproché au cinéma de mettre en scène des destructions massives avec un peu trop de facilité, je peux sembler de mauvaise foi, mais bon, je traduis ici un manque ressenti à la vision du film.

X-Men Dark Phoenix clôt de toute façon cette saga X-Men. La 21st Century Fox [3] a été rachetée par The Disney Company quand le film était en préparation et les droits rentrent dans le giron du propriétaire de Marvel : les X-Men devraient avoir droit à un re-boot. Le film Les nouveaux mutants, sorti en 2020, met en scène McAvoy dans le rôle du professeur Xavier, sans doute pour la dernière fois...


[1Même s’il revient à Dave Cockrum d’avoir dessiné la naissance de Phénix dans X-Men n°101 en 1976...

[2Citons X-Men : le commencement de M. Vaughn, Logan de J. Mangold ou Deadpool 2 de D. Leitch.

[3C’est la société propriétaire de la 20th Century Fox.

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