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VENOM
dimanche 20 septembre 2020, par
Ruben FLEISCHER (1974-)
Etats-Unis, 2018
Tom Hardy, Michelle Williams, Riz Ahmed
Personnage créé en 1988 [1] par le scénariste David Michelinie et le dessinateur Todd McFarlane, Venom a déjà eu les honneurs du grand écran dans le dernier opus de la trilogie anthroparachnéenne de Sam Raimi en 2007. Cependant, l’adaptation réalisée par Ruben Fleischer diffère plus que sensiblement du comics.
Alors qu’une mission spatiale financée par le génie milliardaire Carlton Drake ramène sur Terre dans des conditions tragiques des formes de vie extra-terrestre, Eddie Brock, journaliste d’investigation prompt à faire le buzz mais aussi à dénoncer les manques de la société envers le pauvre et l’orphelin, ne peut s’empêcher de mettre les pieds dans le plat lors de l’interview de Carlton Drake. Le journaliste de San Francisco suspecte en effet les laboratoires pharmaceutiques de procéder à des tests aux issues fatales. Le milliardaire est aussi rancunier qu’il est génial et il a le bras long : Brock perd son travail, sa fiancée avocate et l’appartement et le chat qui vont avec. Six mois plus tard, alors qu’une forme de vie extra-terrestre fait progressivement son chemin depuis le lieu du crash en Malaisie, le journaliste a sombré dans l’alcool et la dépression quand il est contacté par une chercheuse travaillant pour Drake qui cherche à alerter le monde sur les expériences menées dans les laboratoires. Drake veut faire entrer les formes de vie en symbiose avec l’homme afin de préparer la conquête spatiale. Brock s’introduit dans le labo et se retrouve « infecté » par l’une des créatures avec laquelle, non sans ironie, il entre en symbiose. Les hommes de Drake le traque, mais le symbiote a des capacités pour le moins extra-ordinaire... et des besoins nutritionnels pas forcément politiquement corrects.
En fait, Venom est dans une large mesure davantage une récupération du comics qu’une réécriture. Dans le comics, le symbiote est d’abord un costume vivant que Spider-Man acquiert pendant les Guerres Secrètes. C’est quand l’homme-araignée s’en débarrasse et que celui-ci s’associe au journaliste déchu Eddie Brock que les deux forment Venom. Il y a de nombreuses différences dans le film : celui-ci fait complétement l’impasse sur Spider-Man ; si Eddie Brock est bien un journaliste dans la dèche, Venom est en revanche le nom du symbiote et pas de leur association. Or une grande partie des pouvoirs du symbiote lui vient de ces hôtes. Faire l’impasse sur Spider-Man, c’était priver le symbiote de pouvoirs. Enfin, Venom a une capacité de résistance aux projectiles qui dépasse largement celle du comics. Il y a plus. Dans le film, Venom et Brocks sont des héros, alors que dans le comics, ils sont au mieux des anti-héros et des ennemis de Spider-Man. L’esprit du comics n’est pas tout à fait là.
En faisant abstraction de certains éléments du comics, Sony Pictures n’a-t-elle pas tout simplement réalisé un film d’horreur au scénario banal racontant l’arrivée sur Terre des parasites extra-terrestres et de leur projet d’invasion ? Seuls l’apparence prise et les noms des personnages renvoient au comics Marvel. Ce qui donne un caractère un peu opportuniste au film : détentrice des droits sur le personnage à l’instar de ceux sur Spider-Man et ses émanations (Carnage, Spider-Gwen, Black Spider-Man...), Sony Pictures profite de la vague Marvel qui déferle sur les écrans et conserve ainsi les droits.
Toutefois, je dois reconnaître que, outre des effets spéciaux impeccables, la forme donnée à Venom, que ce soit lors de ses manifestations polymorphes ou quand il enrobe complètement Brocks et laisse paraître sa dentition acérée, évoque indubitablement les dessins de Todd McFarlane qui a fait les riches heures du personnage. Par ailleurs, bien que les critiques ont été très négatives, j’ai trouvé, à l’image de nombreux spectateurs, que le film se laissait regarder grâce une action soutenue et une narration qui ne traîne pas en longueur. Les acteurs jouaient bien leurs rôles.
Il est en tout cas porteur des espoirs de Sony Pictures qui entend développer un Sony’s Marvel Universe parallèle au MCU officiel. Alors que le film dure un peu plus d’une heure et trente minutes, un long générique s’avère très promotionnel en s’enrichissant de deux scènes. La première met en scène dans le générique les projets de Brock et annonce une suite dans laquelle figurera le personnage de Carnage. Annoncée comme Venom 2, cette suite est confiée à Andy Serkis, le Gollum de la trilogie de Peter Jackson. Puis, à l’issue du générique, un extrait de cinq minutes de Spider-Man : New Generation annonce la sortie de ce film, prévue quelque mois après celle de Venom.
[1] Amazing Spider-Man #300, mai 1988.