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Les ombres de Post-Petersbourg

Vers la lumière & Vers les ténèbres

dimanche 7 juin 2020, par Maestro

Andreï DYAKOV

Russie, 2010

Le Livre de Poche, 2018, 864 p.

ages pour Les Ombres de Post-Pétersbourg, 2012 et 2013 pour l’édition grand format en deux volumes / 2018 pour l’édition poche.

Si l’univers de Métro 2033, le fameux roman de Dmitry Glukhovsky devenu phénomène d’édition puis trilogie, est particulièrement étoffé en Russie et en Pologne, il n’a pour l’heure connu que des déclinaisons ciblées dans le reste de l’Europe, en Italie, au Royaume-Uni et dernièrement en France avec Pierre Bordage (Rive gauche en étant le premier volet sorti cette année).

De cette bâtisse littéraire, nous ne bénéficions chez nous que du versant émergé, et encore. L’Atalante a pour le moment limité ses traductions du slave à un diptyque d’Andreï Dyakov, auteur qui a proposé ses écrits sur Internet avant de bénéficier d’une édition pleine et entière, chaleureusement approuvée par Glukhovski en personne. L’action s’y déplace de Moscou à Saint-Pétersbourg, et parvient à susciter l’intérêt de par son originalité et son intensité. Gleb, un jeune orphelin d’une station du métro pétersbourgeois, est choisi par un stalker, ces hommes arpentant l’extérieur à leurs risques et périls, pour devenir son apprenti. Confronté à de multiples dangers, il va très vite devoir s’endurcir et se fixer ses propres objectifs. Taran et Gleb sont en effet recrutés pour participer à une expédition à la surface destinée à se rendre sur l’îlot de Kronstadt. L’émission d’une lumière y a été détectée, laissant augurer de l’existence d’une communauté de survivants ou même de la venue d’un navire provenant d’une zone épargnée par la catastrophe…

L’intrigue de Vers la lumière, on l’aura compris, est très couillue, si vous me permettez l’expression, très axée sur les formes de vie mutantes qui grouillent à la surface, et que les stalkers doivent affronter (on y découvre même un ptérodactyle !), plus largement sur les dangers de toutes sortes qui rendent finalement la vie souterraine plus attractive. Sur ce plan de l’action, Andreï Dyakov est d’une redoutable efficacité. Il est également à l’origine d’un nouveau culte, celui de l’Exode, persuadé de la venue d’une Arche permettant aux survivants troglodytes de gagner des contrées paradisiaques. Enfin, quelques témoignages (celui de Taran en particulier) permettent d’éclairer le jour de la Catastrophe et ses lendemains immédiats, avec là encore une grande cruauté. Et bien que le roman tende sur la longueur à s’enliser dans une forme de répétition, il parvient à remobiliser le lecteur grâce à un dénouement impressionnant, marqué par le spectre de la famine que la Russie a si régulièrement eu à affronter dans son histoire.

Vers les ténèbres se déroule peu de temps après Vers la lumière. Et cette fois, ce sont bien les profondeurs de Saint-Pétersbourg qui sont à l’honneur. Le petit paradis découvert par Taran et Gleb dans le premier roman a subitement été annihilé par une explosion nucléaire, créant une onde de choc chez les habitants du métro. Au point de permettre une entente temporaire entre les différentes stations antagonistes, d’accord pour confier à Taran le soin d’enquêter au sein du réseau afin de découvrir les responsables du cataclysme. Hélas, la mission de Taran se double de la recherche visant à retrouver Gleb, apparemment enlevé par une bande de Rebuts. Pour mieux captiver le lecteur, Andreï Dyakov alterne la narration, et mène toujours son intrigue tambour battant, Taran se prenant même à un moment pour Charles Branson.

Le lecteur en apprend désormais davantage sur le métro pétersbourgeois, sa faune mutante ou non (le Purificateur et son obsession sanitaire), ses fossoyeurs également (les Corbeaux, une excellente idée au vu de l’importante mortalité de la communauté troglodyte), ses différents clans (l’Empire végan, esclavagiste, l’Alliance du littoral et les mazouteux, bricoleurs sans scrupules), sa culture parfois saugrenue (la faille tectonique ayant coupé une ligne et où se pratique le saut à l’élastique, ou les communistes désireux de creuser un tunnel pour rallier le métro de… Moscou !) et sa mythologie (l’idée d’un paradis souterrain). Un univers qui a tout du cadre idéal pour un bon vieux jeu de rôles !

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