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Que cesse la nuit et autres aventures d’Irvin Murray

dimanche 7 novembre 2021, par Maestro

Paul-Martin GAL

France, 2018

Nestiveqnen, coll. « Fractales/Fantastique », 348 p.

La Cité des lamentations inaugurait les exploits de ce nouveau prototype d’aventurier, le britannique Irvin Murray, afghan de cœur et profondément indépendant d’esprit, né à l’ombre du El Borak de Robert Howard (voir la précieuse intégrale de chez Bragelonne).

Voici El Shir (le tigre) de retour, avec d’abord un très long récit, « Que cesse la nuit », haut en couleurs. Murray y est confronté à une révolte grondante des tribus ouzbeks, rassemblées sous l’égide d’un mystérieux chef et de son second couteau, une vieille connaissance de l’Irlandais. Au-delà des éléments liés à la géopolitique de ce milieu de l’entre-deux-guerres (l’opposition entre URSS et empire britannique), cette copieuse nouvelle vaut surtout par son radicalisme : les scènes de combat sont les plus sanglantes jamais proposées sous la plume de Paul-Martin Gal, et l’adjectif épique prend ici tout son sens, proche d’une certaine démesure ; à plusieurs reprises, je me suis surpris à songer au premier film Conan

Par comparaison, « Le Howdah Hunter » est une parenthèse plus paisible, l’évocation d’un cauchemar vécu par Murray à sa favorite, Zuleika, basé sur le principe de la malédiction portée par un objet, ici un pistolet. « Le spectre des nuits » est une autre aventure fournie et intense, au cours de laquelle Murray s’ingénie à sauver la vie d’une très jeune anglaise, enlevée par les membres d’une tribu pachtoune. Les tensions internes aux Afghans, et surtout les légendes qui rythment leur mémoire, étoffent ici considérablement la succession de scènes d’action toujours très réussies.

Si Lovecraft est une figure tutélaire incontestable, l’Afghanistan brossé par Paul-Martin Gal est un véritable palimpseste, où les légendes, les cultures, se superposent sans forcément s’annihiler : grands anciens, mythologie juive (Adam et Lilith) et islamique, sans oublier les polythéismes de jadis. C’est justement une peuplade restée fidèle à ses cultes ancestraux qui se voit attaquée par une coalition de forces musulmanes dans «  La main de Yush ». Des personnages d’une des histoires de La Cité des lamentations, « La venue du Vetr », y font d’ailleurs leur retour, tandis que Murray demeure invisible une bonne partie du temps, laissant la vedette aux Kafir.

« L’ombre de Ghazi  » complète une forme de symétrie avec « Le Howdah Hunter ». Cette fois, c’est Zuleika qui raconte à Murray le cauchemar qu’elle a fait, le destin tragique d’un soldat anglais et de sa maîtresse afghane, allusion transparente à une possible réincarnation. Profondément immersifs par leur vocabulaire couleur locale, leurs descriptions chatoyantes, et dotés d’une indéniable dimension littéraire, les nouvelles de Que cesse la nuit s’avèrent tout à fait passionnantes, et le dernier texte, fort habilement, transporte l’action d’Afghanistan en Ecosse, une autre terre sauvage.

« Le rejeton » fait également le lien avec une autre très bonne nouvelle de Paul-Martin Gal, « Les démons d’Ynis Mons » (in Sur les traces de Lovecraft, volume 1), Murray, d’abord hébergé chez un ami rencontré dans « La main de Yush », faisant là équipe avec un de ses anciens professeurs afin de retrouver un ami ayant apparemment perdu la raison au contact de vestiges archéologiques datant de l’âge du fer. On est ici proche du Bran Mak Morn de Robert Howard, encore et toujours.

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