Accueil > TGBSF > H- > Histoires de sexe et de sang

Histoires de sexe et de sang

dimanche 21 novembre 2021, par von Bek

Lonn FRIEND & Jeff GELB, (sdd)

Etats-Unis, 1989-1991

J’ai Lu, coll. « Epouvante », 320 p., 1992

Les directeurs de l’anthologie le disent sans ambages : le sexe et l’horreur ont des accointances. Il auraient pu ajouter que la réunion des deux en un recueil de nouvelles a quelque chose du racolage éditorial. Que l’anthologie d’origine, parue aux Etats-Unis en 1989 sous le titre Hot Blood : Tales of Provocative Horror, ai connu une « suite » en 1991, Hotter Blood : More Tales of Erotic Horror , vérifie s’il en était besoin que le sexe et le sang font vendre. Mais quand les éditions J’ai lu prélèvent dans chaque une dizaine de récits pour n’en former qu’une, on se demande si on ne rentre pas dans du proxénétisme éditorial.

Car du sexe, le lecteur en a pour presque tous les goûts, je dis presque parce que l’amour n’est guère présent, du moins apparaît-il vaguement comme dans la nouvelle « Le mannequin » due à Robert Bloch, et que, fort heureusement, la zoophilie lui est épargnée. Pour le reste, qu’il s’agisse de nymphomanie (« Le meilleur » de Paul Dale Anderson), de sado-masochisme (« Punitions » de Ray Garton) ou même simplement de masochisme (« Tourne-vice » de Stephen Gallagher), et de nécrophilie (« Quand on le tient, on le garde » de Gary Brandner), il y a vraiment de tout... et explicitement !

Il ne s’agit pas ici de faire dans le suggestif et rien n’est impénétrable. Je me suis d’ailleurs demandé si les critères de sélection des nouvelles pour l’édition française n’avaient justement pas été le caractère explicite. Comment expliquer sinon que les textes de Richard Matheson, Theodore Sturgeon et Harlan Ellison n’aient pas été retenus ? Ils étaient sans doute les trois plus célèbres auteurs de l’édition américaine et leurs textes n’ont jamais été publiés en français. Il leur a été préféré quelques célébrités dont Graham Masterton, avec deux textes sélectionnés, pris dans chacun des deux volumes originaux, Robert Bloch, Richard Christian Matheson, Karl Wagner et une quinzaine d’auteurs peu connus ou oubliés sauf des amateurs du genre horrifique et de la collection Epouvante de J’ai Lu. Quoique publiés en France comme Robert McCammon, certains sont franchement inconnus du public hexagonal. Un nom pourtant attire l’œil du lecteur de comics, celui de John L. Byrne avec sa nouvelle « Nocturne » et qui est bien le talentueux dessinateur des X-Men et des Quatre Fantastiques des années soixante-dix et quatre-vingt.

Pourquoi pas après tout ? Ayant fait ses débuts à la Marvel dans les pages de Giant Size Dracula, les récits d’horreur ne lui sont pas étrangers. De fait, les auteurs ont respecté le contrat et produit des récits combinant sexe et hémoglobine (ce qui peut donner des scènes particulièrement gores) reposant pour une moitié sur des ressorts fantastiques [1]. Là encore, il se trouve une certaine diversité, allant de la sorcière (« Tante Edith » de Gary Brandner [2]) au vaudou (« Le Mââchin » de Robert McCammon), des monstres (« Le modèle » de Robert Bloch) aux morts-vivants (« Il viennent pour toi » de Les Daniels). Point n’est besoin du fantastique pour horrifier, je vous prie de le croire, les récits nécrophiles vous en convaincront. Néanmoins, il est difficile de dire que les histoires réunies ici vous terrifieront, alors que si vous avez le cœur et l’estomac bien accrochés, elles vous exciteront peut-être.

Elles pourraient bien aussi vous amuser, car l’humour, quoique pas inscrit au programme, n’est pas absent. En dépit de sa conclusion gore, « La baignoire » de Richard Laymon, un autre auteur dont les romans ont été publiés en France encore récemment, est assez drôle. Il arrive aussi que la traduction perde l’humour, ne conservant que le graveleux comme avec le titre de la nouvelle de Jeff Gelb :« Suzie Sucks » en version originale a plus de sens que le « Suzie suce » de la version française. D’autres déploient des éléments franchement grotesques (je vous laisse imaginer ce que peut être que le mââchin imaginé par McCammon). On ne pourra pas dire que Histoires de sexe et de sang ne joue pas sur tous les tableaux !


[1Je remarque que le récit le moins explicitement sexuel (mais tout est relatif) est le seul écrit par une femme.

[2Gary Brandner est le seul auteur avec Graham Masterton à avoir deux textes dans le recueil. A noter qu’il est surtout connu pour avoir écrit Hurlements, publié en 1977 et adapté au grand écran par Joe Dante.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?