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La communauté des soeurs (Dune, les origines, 1)

dimanche 12 décembre 2021, par Maestro

Brian HERBERT (1947-) & Kevin J. ANDERSON (1962-)

Etats-Unis, 2012, Sisterhood of Dune

Robert Laffont, coll. « Ailleurs et demain », 2013, 612 p., traduction de Patrick Dusoulier.

On ne tue pas la poule aux œufs d’or – pardon, d’épice ! Brian Herbert et Kevin J. Anderson ont, au fil des ans, multiplié les ajouts au cycle originel de six romans écrits par Frank Herbert, pour aboutir à un ensemble imposant d’une quinzaine de livres. Ils poursuivent encore l’entreprise, puisque Le Duc, premier volet d’une nouvelle trilogie, les « Chroniques de Caladan », est sorti en VO en 2020 (année programmée initialement pour la sortie du film de Denis Villeneuve, rappelons-le).

Soyons francs : même si certains romans sont dispensables, d’autres éclairent d’un œil neuf des pans entiers de l’histoire de l’Imperium. À ce titre, je juge nettement plus réussie la trilogie des origines, sur le fameux Jihad butlérien, que le diptyque des Légendes de Dune, qui tente de se glisser dans les interstices du cycle originel. Cela tombe bien, puisque « Les écoles de Dune » (je préfère conserver le titre en anglais de la trilogie) se situe 80 ans après les événements narrés dans La Bataille de Corrin. Suffisamment loin pour faire apparaître de nouvelles têtes, mais suffisamment près pour profiter à nouveau d’une Norman Cenva de plus en plus transformée par l’épice, de Vorian Atréides l’ancien héros éternellement jeune, ou de Gilbertus Albans, jadis protégé d’Erasme et devenu fondateur de l’école des Mentats. Passons rapidement sur le titre, qui n’a finalement que peu d’importance comme ceux des deux romans suivants, dans la mesure où le duo d’auteurs mène ses intrigues en parallèle, sans accorder une quelconque prédilection à un des groupes en particulier dans chacun des livres.

L’Imperium s’efforce donc de trouver un équilibre nouveau, débarrassé de la menace des machines pensantes. Mais son actuel empereur, Salvador Corrino, manque cruellement de caractère, en plus d’être dépourvu d’enfant. Surtout, les Butlériens, menés par l’infirme Manfrod Torondo, poursuivent leur croisade en recherchant et en détruisant toutes les traces d’Omnius et des Cymeks. Se heurtent ici fanatisme religieux anti-technologique et pragmatisme des milieux d’affaires ou des dirigeants de mondes en particulier, soucieux d’utiliser la technologie dans leur intérêt. Une problématique finalement très actuelle, mais qui est surtout prétexte à aventures et rebondissements. On assiste en parallèle à la cristallisation de ces futures puissances de Dune : les anciennes sorcières de Rossak, devenues communauté de sœurs, usant en secret d’ordinateurs afin de compiler le patrimoine génétique de toute l’humanité ; la future Guilde, pour l’heure en germe dans la principale – et plus coûteuse – compagnie de transport interstellaire, la VenHold, dirigée par l’ambitieux Josef Venport ; l’école des Mentats également, leur leader cachant un terrible secret, ainsi que l’école Suk, dont la dirigeante va trouver une solution risquée afin de renflouer ses caisses…

Les Harkonnen, eux, qui avaient été mis au ban de l’empire, s’efforcent de retrouver rang et dignité. On peut compter pour cela sur la fratrie de Griffon et Valya, déterminés et volontaristes : pendant que le premier tente tant bien que mal de restaurer la richesse de sa famille, la seconde grimpe les échelons dans la hiérarchie des soeurs. Vorian Atréides, pour sa part, est confronté de plein fouet à l’esclavage, un commerce florissant, utile en particulier pour pallier à l’absence de mécaniques trop élaborées… Citons encore les tensions autour de la Bible catholique orange, la scission des sœurs, ou la montée de l’opposition butlériens / VenHold, et le vaste tableau sera quasiment complet. On se laisse progressivement prendre au jeu, quand bien même certaines trouvailles des auteurs ressemblent par trop à un deus ex machina ; ainsi des enfants d’Agamemnon ! De même, la présence d’Arrakis demeure somme toute anecdotique. Enfin, notons un quasi-absent de taille tout au long de la centaine de chapitres : le sexe !

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