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Moon Knight : l’intégrale 1975-1980

dimanche 2 octobre 2022, par von Bek

DESSINS : Gene COLAN (1926-2011), Jim CRAIG (1954-), Keith GIFFEN (1952-), Jim MOONEY (1919-2008), Don PERLIN (1929-), Keith POLLARD (1950-), Bill SIENKIEWICZ (1958-), Mike ZECK (1949-)

SCENARIOS : Steven GRANT (1953-), David KRAFT (1952-2021), Bill MANTLO (1951-), Doug MOENCH (1948-), Roger SLIFER (1954-2015), John WARNER (1952-)

Si le personnage de Moon Knight vit ses premières aventures dans la deuxième moitié des années 70 avant de connaître de multiples réécritures, il n’en demeure pas moins que cette période qui constitue sa genèse pose quelques jalons qui perdurent par la suite, jusqu’à la mini-série de Disney+ en 2022. Elle présente aussi quelques particularités qui distinguent le personnage parmi la cosmogonie Marvel.

Vilain ou héros ?

Moon Knight semble naître d’un besoin scénaristique qui aurait pu n’avoir pas de lendemain. Il apparaît dans le 34ème épisode de Werewolf by Night à l’été 1975, sous les imaginations des artistes alors en charge de la série, le scénariste Doug Moench et le dessinateur Don Perlin. En fait, il est clair que Moon Knight est construit pour fournir un adversaire sur mesure au loup-garou : les deux êtres partagent un lien avec la Lune - quoiqu’alors purement nominal pour notre personnage ; l’un craint l’argent qui d’ailleurs équipe les gantelets, les bottes et les shuriken en forme de croissant de l’autre.

En fait, Moon Knight n’est que le déguisement donné par une organisation criminelle à un mercenaire nommé Mark Spector recruté pour capturer le loup-garou contre la modeste somme de 10 000 $ [1] : pas de pouvoir, mais de solides aptitudes au combat et l’assistance d’un hélicoptère et de son pilote qui n’hésite pas à capturer de jeunes femmes pour servir d’appât. Si l’on ajoute que Moon Knight n’hésite pas à qualifier son adversaire de sale monstre, d’abrutie de bête sauvage ou de chien galeux, et menace de le tuer, il apparaît clair que le personnage n’est pas sympathique et se présente au premier abord comme un vilain de comics. Aussi, la pirouette scénaristique qui l’amène à libérer le loup-garou et à combattre à ses côtés apparaît-elle comme franchement incohérente. Si les aventures suivantes lèvent l’ambiguïté, elles n’en simplifient pas le personnage.

Des apparitions en éclipses

Un an après, les deux papas du chevalier de la Lune le ressortent de la naphtaline pour une aventure en deux épisodes publiées dans Marvel Spotlight, un périodique créé en 1971 pour servir de banc d’essai à de nouveaux personnages. Cette fois, il n’y a plus d’ambiguïté et, très classiquement, Moon Knight est un justicier et il est le héros principal. Il a un toujours un pilote d’hélicoptère qui assure ses déplacements et affronte un mégalomane - le Roi conquérant - dont les machinations visent à faire élire son candidats à la mairie. Peut-être pour gagner du temps dans la narration, ils imaginent que le Roi conquérant disposent de toutes les informations sur son adversaire, cas rare dans le genre du comics.

Il faut dire que les deux créateurs n’ont pas lésiné sur le background : si à l’origine il est toujours un ancien mercenaire nommé Marc (mais plus Mark) Spector, il a aussi deux autres identités, celle d’un millionnaire nommé Steven Grant et celle d’un chauffeur de taxi nommé Jack Lockley, personnage qui lui sert pour réunir des informations dans la rue. Ces identités, notamment la première, coïncident mal avec les épisodes de Werewolf by Night, mais elles vont ultérieurement jouer un rôle important dans la psychologie du personnage, même si ce n’est pas encore clairement établi dans ces aventures de Marvel Spotlight.

En revanche, celles-ci permettent de préciser quelques points. D’une part, la fortune de Grant explique les moyens techniques (armes, hélicoptère, communicateur...) dont dispose Moon Knight et, avec pédagogie, les auteurs prennent soin de les mentionner. Grâce à la fortune de Steven Grant, Marc Spector emploie un pilote d’hélicoptère et, autre détail important, une diplômée d’archéologie qui lui sert non seulement d’assistante mais aussi de petite amie : Marlène Fontaine. D’autre part, Moon Knight est doté d’une force surhumaine, imputée à une morsure survenue dans sa bagarre avec le loup-garou, et dont l’intensité varie avec les phases de la Lune.

Le personnage et son décor sont plantés, mais l’apparition dans Marvel Spotlight ne se prolonge pas et ne débouche pas sur un périodique qui lui soit propre, pas même quelques mois après comme cela avait été le cas pour le Fils de Satan en 1975-1976. En fait, Moon Knight retourne à nouveau dans un placard pendant un an et en est ressorti par des scénaristes et dessinateurs pour redevenir un second rôle aux côtés d’abord des Défenseurs au printemps et à l’été 1977 dans une aventure qui s’étale sur cinq numéros, la présente intégrale n’ayant repris du dernier que les pages concernant Moon Knight en guise d’épilogue, puis, après avoir subie une nouvelle éclipse qui s’achève à l’été 1978, au côté de Spider-Man dans les numéros 22 et 23 du mensuel Spectacular Spider-Man, qui d’ailleurs ont déjà été publiées par les éditions Panini dans l’intégrale Spectacular Spider-Man 1978 en... 2009 !

Mise en série

Il faut attendre le printemps 1979 pour que Moon Knight connaisse un début de consécration. Depuis mai 1977, Doug Moench, son créateur, s’occupe du scénario des aventures de Hulk dans le périodique The Hulk !, lequel comporte aussi une histoire centrée sur un autre personnage. Dans le numéro 11, il prend aussi la plume de cette deuxième histoire et inaugure une intriguee tarabiscotée tournant autour d’une statuette d’Horus, des terroristes et une espèce de lycanthrope le tout s’étalant sur quatre épisodes. Fort heureusement, Doug Moench fait parfois aussi dans la simplicité non dénuée de subtilité comme avec le diptyque Dans l’ombre de la Terre / Dans la clarté de la Lune dans le numéro 15 où il imagine la même aventure vécue de deux points de vue différents.

La période The Hulk est une étape importante dans le personnage. Graphiquement d’abord, parce qu’après deux épisodes, Bill Sienkiewicz s’installe au dessin et sa collaboration avec Doug Moench sur Moon Knight va se prolonger jusqu’à la fin de 1983, offrant un peu de stabilité à un personnage qui a connu jusqu’ici des dessinateurs aux genres très différents entre le « kirbien » Keith Giffen aux dessins des Défenseurs, et le classique Jim Mooney, dessinateur de l’Araignée. Narrativement ensuite, car si Doug Moench n’avait pas peut-être pas jusque là fait volontairement de sa création un personnage complexe, il s’arrête pas. La propension de Moon Knight à séparer ses multiples identités prend doucement le chemin de la schizophrénie qui sera presque quarante-cinq ans plus tard au cœur de la série télévisée. Celle-ci doit aussi beaucoup au diptyque « Le sombre spectre du passé » qui non seulement fait de Moon Knight un personnage torturé psychologiquement, mais en plus s’avère une des histoires les plus sombres du comics, où la vie de Marlène Fontaine est mise en péril selon les codes les plus classiques du polar. Rappelons qu’à l’époque la criminalité new-yorkaise défie la statistique, ce que le cinéma ne manque de refléter depuis des années d’ailleurs. Le récit est violent, mais Moon Knight l’a toujours été, n’hésitant pas à frapper un criminel pour le faire parler dans Spectacular Spider-Man ; il n’est pas non plus dénué d’allusion sexuelle, Marlène étant invitée à « aller chauffer le lit en attendant » son retour [2] , ce qui est moins courant en dépit profond machisme dont font preuve les comics de l’époque.

Toujours est-il que Moon Knight semble installé. Quand il quitte les pages de The Hulk !, après le numéro 20 de février 1980, c’est pour figurer dans son propre périodique six mois plus tard et mensuel qui plus est ! Quand il disparaît pour deux numéros de The Hulk ! (le 16 d’août 1979 et le 19, de février 1980, laissant d’ailleurs les lecteurs dans le suspens de l’état de santé de Marlène), il n’en est pas moins apparu aussi aux côtés de la Chose dans Marvel-Two-in-One n°52, en avril 1979, et dans Marvel Preview n°21 en février 1980. Le même mois, Carmine Infantino et Roger McKenzie lui font faire un caméo sous son identité de chauffeur de taxi dans Captain America n°245. Si les éditions Panini poursuivent la publication des Intégrales Moon Knight, sans doute est-ce ce récit de Marvel Preview qui ouvrira le deuxième volume, lequel couvrira indubitablement une période plus courte que les cinq ans du présent opus.

Titres Revues Dessinateurs Scénaristes
Le chasseur appelé Moon Knight Werewolf by Night #32, juin 1975 Don Perlin Doug Moench
Moon Knight contre le loup-garou Werewolf by Night #33, juillet 1975
Roi conquérant Marvel Spotlight #28, juin 1976
Le gambit mortel du Roi conquérant Marvel Spotlight #29, juin 1976
Un interrogatoire musclé The Defenders #47, avril 1977 Keith Giffen John Warner
Qui se souvient de Scorpion ? 1ère partie : sinistre sauveur The Defenders #48, avril 1977 David Kraft
Qui se souvient de Scorpion ? 2ème partie : dévastation The Defenders #49, mai 1977
Qui se souvient de Scorpion ? 3ème partie : Scorpion va mourir The Defenders #50, juin 1977
Discussion avec la copie The Defenders #51, juillet 1977
Au clair de la Lune, mon ami Moon Knight Spectacular Spider-Man #22, juillet 1978 Mike Zeck Bill Mantlo
Qui est enterré dans le tombeau de Grant ? Spectacular Spider-Man #23, août 1978 Jim Mooney
Dans le viseur de Crossfire Marvel-Two-in-One #52, avril 1979 Jim Craig Steven Grant
La statuette de la mort The Hulk ! #11, août 1978 Gene Colan Doug Moench
Trafic macabre à l’ambassade ! The Hulk ! #12, octobre 1978 Keith Pollard
Le grand chantage The Hulk ! #13, décembre 1979 Bill Sienkiewicz
Duel à mort The Hulk ! #14, février 1979
Dans l’ombre de la Terre / Dans la clarté de la Lune The Hulk ! #15, avril 1979
Le sombre spectre du passé (1) The Hulk ! #17, août 1979
Le sombre spectre du passé (2) The Hulk ! #18, octobre 1979
L’infernale attente de l’aube The Hulk ! #20, février 1980

[1Un peu plus de 55 000 $ de 2022.

[2Dans « Le grand chantage », The Hulk !, n°13.

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