DC Universe Rebirth

Scénarios : Dan ABNETT, Julia BENSON, Shawna BENSON, Keith GIFFEN (1952-2023), Bryan HITCH, Sam HUMPHRIES, Van JENSENS, Geoff JOHNS (1973-), Dan JURGENS (1959-), Scott LOBDELL, Simon OLIVER, Steve ORLANDO, Benjamin PERCY, Christopher PRIEST, Greg RUCKA (1969-), Tim SEELEY, John SEMPER Jr, Scott SNYDER, Peter TOMASI, Robert VENDITTI, Rob WILLIAMS, Josh WILLIAMSON

Dessins : Brett BOOTH, Matthew CLARKE, Carmine DI GIANDOMENICO, Patrick GLEASON, Tom GRUMMETT (1959-), Mikel JANIN,Tom KING, Scott KOLINS (1968-), Emanuela LUPACCHINO, Oscar JIMENEZ, Jonboy MEYERS, MORITAT, Paolo PAGULAYAN, Yanick PAQUETTE, Paul PELLETIER, Claire ROE, Otto SCHMIDT, Liam SHARP, Ryan SOOK, Dexter SOY, Philip TAN, Ethan VAN SCIVER

Etats-Unis, 2016

Urban Comics, 2017

Flashpoint orchestrait en 2011 le deuxième changement majeur dans la cosmogonie DC Comics en mettant en scène Flash qui mettait un terme à une réalité alternative, sans toutefois parvenir à rétablir l’exacte continuité chronologique antérieure. Concrètement, un certain nombre de relations étaient effacées. Le comics clôturait l’ère DC classique pour ouvrir l’ère Renaissance (selon la terminologie française) ou The New 52 remettant à zéro les compteurs des périodiques [1] réduits (sic) à 52 titres. A l’été 2011, les premiers numéros des The New 52 s’arrachaient, nécessitant une réimpression, le numéro 1 de Justice League s’étant précommandé à 200 000 exemplaires. Presque cinq années après, sur les 52 titres, une petite dizaine atteignait leur numéro 52 justement. Visiblement la relance attendue n’avait pas perduré [2]. Il fallait faire quelque chose, mais peut-on rebooter aussi peu de temps après quand un quart de siècle séparait Crisis on Infinite Earths (1986) de Flashpoint (2011) ?

Déjà instigateur du précédent reboot, Geoff John imagine alors que les changements de Flashpoint résultent en fait d’une intervention extérieure. Pour en faire prendre conscience les héros, il exhume Kid Flash, personnage théoriquement inconnu de tous puisque ayant été effacé par le Flashpoint. Dans « DC Universe Rebirth » Kid Flash tente désespérément de s’arracher à la Force véloce constituant ici une version flash de la zone fantôme de Superman. Il entre en contact avec plusieurs connaissances qui ne se souviennent pas de lui jusqu’à réussir à éveiller la mémoire de Flash et revenir dans la réalité. Ce faisant, il rend possible la prise de conscience de chaque personnage de l’Univers DC, d’où la notion de rebirth, dont l’analogie avec le réveil religieux que connaissent des Américains n’est peut-être pas innocent. Toujours est-il que, tout au long de ses environ 70 pages, le comics fait le point avec quelques personnages dont Atom, Aquaman et surtout Superman, cas spécial dans la continuité Flashpoint.

Mais pour une fois l’édition française dépasse l’édition américaine. Dès 2017, Urban Comics édite « DC Universe Rebirth » en y adjoignant 22 autres comics, dont 21 one shot, mais pourtant numérotés « 1 », comportant dans leur titre le terme de « Rebirth ». Seule exception « Justice League » n°52 dont l’arc narratif s’achève sur Lex Luthor devenu une incarnation de Superman, avant qu’un « Justice League Rebirth » viennent restaurer une version plus classique de l’équipe. Je ne passerais pas en revue chacun de ces périodiques dont j’ai trouvé la qualité très inégale. Sans doute faut-il être davantage dans le jus DC pour comprendre, en dépit du soin hautement louable pris par Urban Comics des les introduire par une petite synthèse. Cruelle ironie, pour moi qui râle souvent sur l’âpreté au gain des éditeurs français de comics, je dirais simplement que j’aurais volontiers acheté un album contenant seulement « DC Universe Rebirth », davantage pour des raisons de place que de prix. 35 € pour 23 comics et 592 pages, c’est plus qu’honnête.

Il est intéressant au passage d’examiner l’impact éditorial d’un bouleversement de ce genre. Dans un certains nombre de cas, la réalisation des numéros « rebirth » a été confié à de nouvelles équipes qui assurent ensuite la continuité des titres dont la numérotation reprend à 1 (à l’exception des vénérables Action Comics et Detective Comics qui reprennent leurs numérotations datant des années 30 en intégrant les 52 numéros de The new 52). Pour être précis les dessinateurs changent systématiquement quand les scénaristes de « Batman », « Superman », « Aquaman », et « Batman Beyond » ne changent pas, même si Scott Snyder n’a pas écrit le scénario de « Batman » n°52. Certains personnages retrouvent un périodique qui leur est propre, comme Nightwing et la Suicide Squad qui avaient perdu les leurs en 2014.

Si j’aurais volontiers mis la main à la poche pour posséder une édition de « DC Universe Rebirth », c’est parce qu’il pose une première étape vers un autre événement majeur des éditions DC tout en le liant avec Flashpoint. De fait, le mystère principal de ce « DC Universe Rebirth » réside dans l’identité de l’entité (vous excuserez l’allitération) à l’origine du Flashpoint mais qui n’a de mystère que le nom. Aussi, s’il comporte quelques scènes mystérieuses, comme la mise en détention d’une jeune femme blonde porteuse de ce qu’il semble bien être un anneaux de la Légion des Super-Héros, celle du XXX^ème siècle, il s’achève surtout sur une scène magnifique de Batman extrayant de la roche du fond de la batcave un mystérieux badge smiley, scène suivie d’un épilogue représentant une montre portant en son dos une inscription et que les lecteurs de Watchmen reconnaitront.