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BOSS LEVEL

dimanche 6 février 2022, par von Bek

Joe Carnahan (1969-)

Etats-Unis, 2021

Frank Grillo, Naomi Watts, Mel Gibson, Will Sasso, Selina Lo, Rio Grillo & Michelle Yeoh

Quand Roy Pulver se réveille à 7h00, il ne se lève surtout pas, il se fait bousculer par un type avec une machette. Comme d’habitude. Parce que Roy Pulver, ancien des forces spéciales, revit la même journée encore et encore. Mais le type à la machette, ce n’est que le début, d’accord ? Suivent un hélicoptère avec une mitrailleuse, un saut dans un camion benne, de multiples tueurs et tueuses quelque peu déjantés, mais, quelque soit les chemins choisis, Roy Pulver finit par se faire descendre dans le même bar, à 12h47. Certes, au fil des jours qui se ressemblent et au 143ème, il a appris à éviter plus ou moins l’une ou l’autre des embûches, même si parfois il en oublie, comme le bus au travers du pare-brise duquel il passe ; il a appris que son ex, une scientifique éminente pourtant encore en pleine forme la veille quoiqu’un peu inquiète, est morte. La nouvelle ne l’encourage pas à persévérer dans ses tentatives de survie et invariablement, il meurt à 12h47. Reste peut-être la perspective d’enfin mieux faire connaissance avec son fils.

Un jour sans fin version baston, ça a déjà été fait en 2014 par Doug Liman, avec Edge of Tomorrow. Le film de Joe Carnahan s’inspire d’ailleurs largement de l’un et l’autre de ces films. Au second, il doit bien sûr son accent mis sur l’action. Pas de guerre ici, mais de la bagarre et des explosions, et je dirais même qu’il y a un peu du Quentin Tarentino dans les tueurs et tueuses servant de support à un humour décalé, entre un nain spécialiste en explosifs, un sosie et surtout Guan Yin, une tueuse chinoise armée d’une épée bien affûtée et très fière de son travail. L’influence de Tarentino est d’autant plus patente, que le Boss Level comporte son lot de références culturelles des années 70-80. Outre celle au wu xia pian que constitue Guan Yin, le film rend explicitement hommage aux jeux vidéo d’arcade des années 80, non seulement avec un générique pixelisé, mais aussi avec l’addiction qu’entretient le fils de Roy pour ces jeux, notamment Street Fighter. Cela se répète dans l’histoire elle-même, avec sa construction d’étapes qu’il faut sans cesse recommencer en cas d’échec si l’on veut parvenir au niveau final, le niveau du boss, on l’aura compris. Comme dans Edge of Tomorrow, il faudra cependant contourner ce qui semble le chemin évident.

Cependant, comme dans Un jour sans fin, et plus que ne le faisait Edge of Tomorrow, le héros passe un temps considérable à s’améliorer. D’abord humainement en faisant connaissance avec son fils, (mal) interprété par le propre fils de Frank Grillo, et auquel son ex-compagne lui reprochait de ne pas s’intéresser. On retrouve ici une version du Phil Connors, apprenant à se débarrasser de son égocentrisme. Ensuite techniquement, puisque Roy entreprend de se former au maniement de l’épée chinoise, progressant jour après jour, tout comme Phill Connors apprend le piano dans Un jour sans fin.

Avec toutes ces comparaisons, Boss Level a tout de la pâle copie, du film de série B, voire Z, y compris l’attribution du premier rôle à Frank Grillo qui assure physiquement, mais ne fait guère preuve de talent d’acteur. Certes, il échappe, dans la fin que diffuse Amazon Prime, au happy end complet, laissant un soupçon de mystère. Là où il intrigue, c’est dans la distribution des seconds rôles. S’il est fréquent que ce genre de nanar potentiel compte à son casting une star tombée dans les oubliettes, Boss Level arbore pour sa part pas moins de trois célébrités. Certes, on peut considérer le caméo de Michelle Yeoh dans le rôle de la professeur d’escrime chinoise comme un simple hommage, mais que penser de la présence de Naomi Watts dans le rôle de l’ex-compagne et surtout de celle de Mel Gibson dans celui du méchant ? Mal dirigés ou peu en forme, l’une comme l’autre livrent ensemble la scène la plus grotesque du film durant laquelle Mel Gibson raconte une histoire abracadabrante dont il tire une morale sans rapport. L’actrice britannique connaît peut-être un creux dans sa carrière, mais le réalisateur australien était encore nominé aux Oscars en 2017 pour son film Tu ne tueras point.

On ne saura cependant jamais vraiment à quel destin était voué Boss Level : annoncé pour l’été 2019, il a été abandonné par son distributeur. La crise de la covid aura sans doute achevé de le faire tomber dans le catalogue de la plate-forme de vidéo-à-la-demande Hulu à partir de mars 2021. Il n’aura donc jamais connu les fourches caudines de la sortie en salles. Ce qui semble sûr c’est qu’il a été un fiasco financier d’environ 30 millions de $.

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