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Les compagnons de l’ombre - 29
dimanche 4 septembre 2022, par
Jean-Marc LOFFICIER (1954-)
France, 2022
Black Coat Press, coll. « Rivière blanche », série Noire, 306 p.
Pour ce vingt-neuvième tome des Compagnons de l’ombre, la série matrimoniale qui apparie les personnages les plus inattendus dans des combinaisons à multiples entrées, les célébrités côtoient des individualités plus méconnues. « Voyage dans les îles », de Travis Hiltz, nous confronte ainsi à une nouvelle aventure du Docteur Oméga, alter égo du Docteur Who. Cette fois, il cherche à mettre la main sur plusieurs poilus de La Belle Valence, renvoyés à une autre époque que celle de leur Première Guerre mondiale. Un texte riche en références, dans lequel on croise aussi bien le Juif errant que l’île de Liliput, les monstres de la Toho que les Morlocks de Wells (avec toutefois une anomalie, puisqu’ils semblent ici très bien supporter le plein soleil, eux qui normalement demeurent cantonnés à une vie dans l’obscurité).
Il est également question d’îles dans « L’enfant oublié par le temps », de John Peel : celle de L’île à hélice, de Jules Verne, sur laquelle travaille le narrateur du récit, et celle qui abrite un monde perdu, cadre rêvé pour les milliardaires férus de chasse. Sans vouloir trop en dévoiler, cette nouvelle est à mon sens la plus réussie du recueil, la plus touchante, aussi, tant elle permet de mieux comprendre l’attitude du protagoniste star de l’histoire vis-à-vis d’une jeune femme blonde… « Le maître de l’ouest », signé Nathan Cabaniss, nous ramène sur la genèse du Robur tel que Jules Verne l’a mis en scène, en plein cœur du Far West ; c’était déjà le cas dans le tome 28 de la série, avec « Les pionniers du désert » de Martin Gately. Haut en couleur, ce texte est brillant, d’autant qu’il met en scène Irène Adler, en figure de femme forte damant le pion aux hommes, un alter égo de la créature de Frankenstein, mort-vivant issu des champs de bataille de la Guerre de Sécession (excellente trouvaille de Cabaniss lui-même), ainsi que divers chasseurs de primes…
Toujours au rang des protagonistes XXL, je demande, dans le camp des méchants d’anthologie, la lettre F : Fantômas et Fu Manchu s’affrontent en effet dans le Paris de l’après-Première Guerre mondiale grâce à Rod McFadyen, nouveau venu dans la famille des Compagnons (« Le monde nous appartiendra »). Fantômas, mais son incarnation cinématographique, cette fois, est également au cœur de « Le seul et l’unique », de Frank Schildiner, aussi court qu’efficace. Quant au camp des justiciers, j’opte pour le gang des ténébreux : Judex et L’Ombre font équipe dans « Marche à l’ombre » (sic), de Atom Mudman Bezecny, confrontés à une petite frappe, certes, mais qui bénéficie d’inventions technologiques redoutables ; la femme qui accompagne Jacques de Trémeuse est elle aussi une de ces figures d’un sexe passée de faible à fort.
Arsène Lupin, personnage récurrent de la série des Compagnons, apparaît dans « Le camée des Dufort », de David L. Vineyard, une revanche plutôt bien vue afin de rétablir dans ses droits une famille française juive spoliée durant la Seconde Guerre mondiale. Jules de Grandin, par contre, fait partie de ces oubliés de l’imaginaire. Jugez donc, on n’avait pas revu le personnage de détective imaginé par Seabury Quinn depuis le tome 10 ! Il fait pour l’occasion coup double. D’abord avec une enquête inédite, « Le spectre de la Walkyrie », de Jean-Paul Raymond, où le fantasque français doit déjouer une antique malédiction pour sauver un tout jeune couple de la débandade. Ensuite, par le biais d’une chronologie détaillée de tous les textes contant les aventures de Jules de Grandin, collationnés par Matthew Baugh et Rick Lai.
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