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Le tropique des serpents (Mémoires par Lady Trent, 2)

dimanche 11 septembre 2022, par Maestro

Marie BRENNAN (1980-)

Etats-Unis, 2014

L’Atalante, coll. « La Dentelle du Cygne », 352 p., 2016, traduction de Sylvie Denis.

Ce second volet des mémoires de lady Trent, découverte dans le très plaisant Une Histoire naturelle des dragons, se déroule quelques années plus tard. Isabelle Camherst, devenue veuve à l’issue de son premier voyage d’étude, en prépare un nouveau. Cette fois, à défaut de mari, elle sera accompagnée par Nathalie Oscott, la petite-fille de son mécène, qui refuse tout mariage imposé par sa famille, son père principalement. Logique que les deux femmes, qui ont soif d’émancipation, s’entendent aussi bien. La destination est également plus exotique, puisqu’il s’agit d’un autre continent, l’Érigie.

Terre australe en proie aux appétits des puissances du nord pour ses grandes richesses en fer, mais également à des dissensions internes. Le royaume dans lequel elle débarque avec son expédition, Bayembé, est ainsi menacé par les volontés conquérantes de ses voisins. Ce qui intéresse Isabelle Trent, toutefois, ce sont une fois encore les dragons. Le procédé de conservation de leurs os découvert dans le premier volet a encore besoin d’être testé, et comment résister à la possibilité de mieux connaître les dragons des marais et leur mode de reproduction ? Le changement est essentiellement géographique dans Le Tropique des serpents. On identifie aisément l’Afrique dans l’Érigie, qui comme dans notre époque victorienne, est soumise au colonialisme du nord, y compris sous son angle religieux (des missionnaires de cet alter-égo de la religion juive, divisée entre sa lecture fondamentaliste et une autre plus libérale et inspirée du Talmud).

Isabelle et son équipe se retrouvent mêlées aux luttes intestines agitant le palais de l’oba, souverain local muni de prothèses métalliques lui permettant de marcher ; une figure qui se distingue par son originalité. Ce qui va d’ailleurs leur permettre de pénétrer au sein de la jungle locale, à la recherche de cette mystérieuse variété de dragons, les veurs des marais, et plus précisément d’œufs qui intéressent l’oba. Non sans pousser le bouchon un peu loin parfois, lorsque la future lady Trent devient une pionnière du vol… La prose de lady Trent est toujours aussi piquante et savoureuse, les rumeurs sur la possible liaison – évidemment scandaleuse, dans cette société corsetée et misogyne du Scirland – de la jeune veuve et de son collègue Thomas Wilker promettant de prendre une ampleur quasi apocalyptique ! Les malheurs s’accumulant sur Isabelle à une période donnée débouchent même sur une psychothérapie de groupe véritablement cathartique.

Une confirmation convaincante, à défaut d’être ébouriffante, du talent de Marie Brennan à transposer une partie de notre passé dans un univers de fantasy. Ce monde imaginaire s’étoffe de plus en plus, le point fort du Tropique des serpents se trouvant dans l’écosystème du marais, une zone située en contrebas du confluent de trois fleuves, dans laquelle la vie pullule, végétale, animale, mais également humaine. On en vient à souhaiter des annexes centralisant toutes les informations le concernant, au-delà des traditionnelles cartes d’ouverture.

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