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Le sanctuaire ailé (Mémoires par lady Trent, 5)

dimanche 4 décembre 2022, par Maestro

Marie BRENNAN (1980-)

Etats-Unis, 2017

L’Atalante, coll. « La Dentelle du Cygne », 352 p., 2018, traduction de Sylvie Denis.

Lady Trent est désormais une figure bien installée du Scirland. Sa réputation de spécialiste des dragons n’est plus à faire, et elle contribue à offrir à ses compatriotes féminines des possibilités d’éducation et d’émancipation. Mais à côté de son époux, l’archéologue Suhail, elle souffre encore d’un besoin de reconnaissance. Aussi, lorsqu’un voyageur originaire du Yélang, ennemi héréditaire de sa nation avec lequel une guerre froide ne cesse de s’amplifier, vient la trouver pour lui faire part d’une découverte sans précédent, l’âme d’exploratrice d’Isabelle se réveille.

Dans les montagnes les plus hautes du monde, sises en Dajin, il était en effet tombé sur le cadavre préservé d’un dragon d’une espèce inconnue. De par l’appartenance de cet étranger à un mouvement révolutionnaire opposé à la dynastie régnante, les autorités du Scirland valident le projet d’expédition scientifique souhaité par Lady Trent. Comme à l’accoutumée, Marie Brennan transpose la géographie de notre monde à son univers parallèle. Cette fois, c’est à un équivalent de l’Himalaya que notre héroïne va se frotter, à la frontière entre la Chine et l’Inde, une projection probable du Tibet. On y entend d’ailleurs parler des yétis ! L’expédition, débutée en dirigeables construits en os de dragon (on les avait découverts dans Le Voyage du Basilic), est contrainte de passer à la marche plus tôt que prévu, et ce n’est que le début des obstacles que Lady Trent, Suhail, le fidèle Tom et le dissident chinois, pardon yélangois, vont rencontrer.

Il faut dire qu’à ce moment de l’histoire, l’alpinisme, comme ce fut le cas dans notre XIXe siècle, n’en est qu’à ses balbutiements (les crampons sont une invention toute fraîche dont nos explorateurs ont la chance de bénéficier). Mais les réflexions sur la labilité des dragons à travers l’exemple des piauleurs locaux, mise à jour dans Le Labyrinthe des Gardiens, cèdent bientôt la place à une révélation d’une envergure supérieure : l’existence d’une espèce de dragons bipèdes, clef de la compréhension de l’antique civilisation draconienne. On retrouve à cette occasion le thème du monde perdu, si couru dans les premières décennies du « merveilleux scientifique ». Le Sanctuaire ailé s’impose de la sorte comme le point culminant du cycle, la concaténation à un niveau supérieur de toutes les avancées narrées dans les précédents tomes. Isabelle est d’ailleurs, pour une bonne part de l’intrigue, la seule humaine que l’on suit, un moyen supplémentaire de rappeler que la série est bien la sienne.

C’est d’elle en particulier que vient la solution plutôt habile trouvée par Marie Brennan afin d’éviter à la vallée des Draconiens un sort similaire à celui des autochtones d’Amérique une fois les Européens parvenus chez eux. La lettre de Jake à sa mère laisse-t-elle la possibilité à l’autrice de se lancer un jour dans une suite générationnelle, centrée cette fois sur la vie des océans ? Peut-être, mais en l’état, ces Mémoires par lady Trent constituent un plaisir de lecture simple et sincère.

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