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Les compagnons de l’ombre - 30

dimanche 19 mars 2023, par Maestro

Jean-Marc LOFFICIER (dir.)

France, 2023

Black Coat Press, coll. « Rivière blanche », série Noire, 282 p.

Ce trentième tome d’une série qui séduit par son postulat de base et impressionne par sa pérennité débute avec une nouvelle particulièrement originale, disons même brillante. John Peel, dans « Éternel amour », reprend en effet les personnages du Candide de Voltaire, excusez du peu, pour en proposer une relecture très amusante et totalement inattendue quant au sort de l’épouse de Candide, Cunégonde. Singulier également, le trio mis en scène par Christofer Nigro, tiré d’un film de 1925, The Unholy Three. On y trouve un nain aux apparences enfantines, un hercule de foire et un ventriloque, brièvement associés au fantôme de l’opéra contre les intérêts du professeur Tornada d’André Couvreur (« Le retour du club des trois »).

« Le prisonnier de la comtesse Cagliostro », de Rick Lai, est une confrontation mettant les femmes à l’honneur. Si les principales sont la sœur d’Arsène Lupin et une incarnation de Joséphine Balsamo, les seconds couteaux sont également de la partie, au point d’ailleurs de donner le tournis : l’auteur, en multipliant les références, laisse au final une impression de trop plein pour une intrigue particulièrement alambiquée. « L’affaire du temps perdu », de Travis Hilz, est une récréation plus légère. On y retrouve un groupe d’enquêteurs peu communs, puisqu’il réunit Spiridon, la Sélénite Astarté et le détective Camparol, tous individus déjà rencontrés dans le tome 20 des Compagnons (« L’affaire du cadavre envahissant »). Ils sont confrontés à un étrange dérèglement temporel localisé dans une cage d’escalier… Derrière, des personnages issus des univers de Wells et Galopin.

Autre suite, celle de Brian Gallagher, « Le télépathe de Galicie » poursuivant « Le docteur de Sarajevo », avec un nouvel affrontement entre Irina Petrovski, comtesse espionne au service de l’empire austro-hongrois, et un Cornélius Kramm, célébrissime sculpteur de chair humaine, passé – dans son intérêt – au service de l’empire russe. Les références, nombreuses, sont évoquées avec finesse, rendant l’histoire bien plus efficace que « Le prisonnier de la comtesse Cagliostro ». Outre un éclairage sur un contexte historique plutôt méconnu – les enjeux nationalistes d’une population polonaise partagée principalement entre deux empires – et des révélations sur le passé du docteur (la manière dont il devint le brillant praticien qu’il est), on appréciera la situation délicate dans laquelle Cornélius Kramm se retrouve placé, entre le marteau de la comtesse et l’enclume de l’agent russe télépathe avec qui il doit faire équipe...

Toujours dans le domaine des séries, Martin Gately poursuit celle entamée par « Les pionniers du désert » (dans le tome 28 des Compagnons), en suivant le jeune Robur dans une uchronie sympathique : situé dans une Première Guerre mondiale alternative, fortement influencée par Wells (La Guerre dans les airs, La destruction libératrice), elle permet d’y voir plus clair sur les motivations du futur Maître du monde. De même, Matthew Baugh redonne du service à son duo d’enquêtrices de l’occulte, Palmyre et Renée (Dunan), invitées contre leur gré chez Antinéa. « Échec à la reine » sera cependant davantage apprécié par les amateurs d’échecs.

Deux nouvelles rendent hommage, et c’est là plus original, à Dashiell Hammett et à son célèbre Faucon maltais. David L. Vineyard, dans «  L’oiseau doré », le fait en se servant d’un cadre cher à Agatha Christie et du plus doué des voleurs. De même, « Le goût de la mort », de l’anthologiste en personne, croise des séries télévisées comme Dr House, des classiques du cinéma (The Thing de Carpenter) à la littérature proprement dite (les romans de Paul Béra en particulier). Quant à Matthew Ilseman, ses « Puissances inconnues » étonnent de par la reprise d’une des créations les plus fascinantes de Maupassant ; un texte qui appelle d’indispensables suites ou prolongements. Enfin, « Le spectre de Fantômas », de Frank Schildiner, est une confrontation savoureuse et pleine d’humour entre le SPECTRE de Blofeld et le Fantômas des films d’André Hunebelle.


Pour commander Les Compagnons de l’ombre - 30 suivez le lien vers les éditions Black Coat Press !

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