Accueil > TGBSF > C- > Les cavaliers de la pyramide

Les cavaliers de la pyramide

dimanche 2 avril 2023, par Maestro

Serge BRUSSOLO (1951-)

France, 2004

Le Livre de poche, coll. « Thrillers », 506 p.

Dans la bibliographie fleuve de Serge Brussolo, il est parfois difficile de s’y retrouver. Surtout que l’auteur s’amuse à réutiliser les mêmes personnages placés dans des contextes foncièrement différents. Il en est ainsi pour Shagan, le cul-de-jatte armé de sa masse de guerre, et Junia, la géante sur les épaules de laquelle il est juché. On connaissait ces deux aventuriers atypiques dans le cycle fantasy du Roi Squelette, publié dans les années 1980 au Fleuve noir puis récemment repris par Bragelonne dans une intégrale quelque peu opaque rassemblant néanmoins les deux volumes du Fleuve (Le Roi Squelette, 2014). Mais ils ont également connu moult pérégrinations à l’époque de… la Rome antique !

Les Cavaliers de la pyramide prend ainsi place au tout début de notre ère chrétienne, sans doute la fin du Ier siècle (un des personnages secondaires a vécu la catastrophe de Pompéi), dans l’Égypte devenue province impériale. Mais si Brussolo s’y fait plus didactique qu’à l’accoutumée sur la civilisation romaine, c’est pour mieux faire illusion. Le cadre choisi est en effet un arrière-plan, ce qui explique les divers anachronismes (du thé en Égypte, alors qu’il ne fut introduit qu’au XVIe siècle, ou des pirates barbaresques) ou erreurs (les sénateurs romains ont interdiction de se rendre en Égypte, province placée directement sous la juridiction de l’empereur) qui émaillent le roman.

On retrouve surtout l’imagination délirante de Serge Brussolo et ses obsessions, le corps, la mort. Tout débute en effet par la quête d’un laniste, à la recherche du mausolée d’une ancienne sorcière égyptienne. Son tombeau, une pyramide débordant d’or, est désormais enfouie sous les sables mouvants du désert. Pour en retrouver la trace, ce Romain se rend dans un ancien temple, mais il y laissera au passage sa peau, arrachée par un vent terrible le laissant écorché vif et coincé dans une baignoire emplie de substances narcotiques. Une vision frappante, qui signe la singularité de ce roman qui n’est ni complètement historique, ni totalement fantastique. On croisera également au fil des chapitres le casse sanglant d’un sanctuaire défendu par des chats, l’opération d’extraction d’une jeune surdouée capable de lire les inscriptions quasiment effacées mais enfermée au cœur d’un temple de Noût, ou le récit de la jeunesse tourmenté de Shagan et de sa mère messagère, de Junia, seule survivante d’une peuplade de géantes dévorant leur partenaire sexuel lors du coït.

Au mitan du roman, tout ce beau monde entame effectivement le voyage vers la pyramide engloutie d’Ankhnoût, en usant de bateaux sur roues voguant sur les dunes d’un désert traversé de vents puissants. L’imaginaire volontiers grotesques de Brussolo se laisse également à voir au cœur du tombeau enseveli, l’image de ces momies laissant derrière elle des organes en or suite à l’ingestion du métal liquide pour les tuer demeurant assez frappante ! Le dénouement du roman laisse plus dubitatif, dans la mesure où il prend le lecteur à contrepied et ouvre surtout sur une suite…

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?