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L’algèbre des anges

dimanche 2 juin 2002, par von Bek

J. Gregory KEYES (1963-)

Etats-Unis, 1999, A Calculus of Angels

Flammarion, coll. Imagine, 2002, 410 p.

La tragédie finale des Démons du roi-soleil plonge l’Europe dans une sorte de micro-hiver nucléaire aux conséquences sociales et politiques apocalyptiques pour l’Europe. Dans L’algèbre des anges, c’est face à celles-ci et dans ce nouvel Ancien Monde que vont devoir évoluer les principaux protagonistes du premier volume de l’âge de la déraison. Comme dans Les démons, l’uchronie se poursuit, ainsi que le mélange entre l’alchimie et la science et J. Gregory Keyes continue de croiser les récits.

Echappés de Londres menacée, Isaac Newton et son apprenti Benjamin Franklin se sont réfugiés à Prague, à la cour de Charles VI, empereur d’un Saint-Empire romain germanique en proie aux envahisseurs turcs qui ont fini par prendre Vienne et surtout à la menace des armées du tsar Pierre le Grand guidé par les anges maléfiques à l’instar de Louis XIV dans le volume précédent. Là, ils oeuvrent chacun à leur manière et pas toujours dans la concorde pour découvrir les secrets du monde éthérique et sauver ce qui peut être sauvé : leurs peaux d’abord et éventuellement Prague. Dans le même temps, Adrienne de Mornay de Montchevreuil a accouché d’un fils et, en compagnie de Véronique de Crécy puis du duc de Lorraine et de ses troupes, tente de traverser l’Europe en proie à l’anarchie et la guerre pour aussi gagner Prague, tout en explorant les possibilités offertes par sa main angélique. La destination de la coalition des colonies françaises et anglaises avec le pirate Barbe-Noire et la tribu indienne Chocktaw est autre : gagner l’Europe pour trouver une réponse à la ruptures des communications avec les métropoles qui menace jusqu’à l’existence des communautés outre-atlantiques subissant aussi la dégradation climatique. Mais ces trois écheveaux rejoignent leurs fils respectifs à Venise.

L’algèbre des anges profite, mais souffre aussi de manière plus accrue, des choix faits par son auteur quant à l’univers qu’il a créé. Ainsi après deux parties assez longues dans laquelle l’action se traîne, le lecteur retrouve avec plaisir dans la troisième partie la dimension géopolitique empruntée en partie à l’Europe moderne du début du XVIIIe. Si Les démons du roi-soleil devait beaucoup à la rivalité franco-anglaise, c’est plutôt une guerre du Nord un peu prolongée - elle dure théoriquement de 1700 à 1721 qui fournit la toile de fond à ce deuxième opus. La rivalité entre Charles XII de Suède et Pierre le Grand apparaît particulièrement jubilatoire, tout comme la situation politique de Venise tombée entre les mains des Ottomans. Dors et déjà, L’âge de la déraison fait figure de grande uchronie.

En revanche, l’occultisme naguère craint se fait plus pregnant et la dorure scientifique perd de sa logique superbe dans un salmigondis où se mêlent mysticisme et ésotérisme : l’introduction de la Kabbale juive agacera plus d’un lecteur peu amateur de cet univers. En outre, si’ les "anges" gagnent en richesse ce qu’ils perdent en manichéisme - on ne sait plus qui sont les bons des méchants -, on peut déplorer que leur univers éthérique deviennent en grande partie incompréhensible. Est-ce une démarche volontaire ? Sans doute le troisième volume, L’empire de la déraison, qu’il faut maintenant attendre éclaircira-t-il la situation.

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