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Crépuscule des dieux (Tétralogie des origines, 4)
dimanche 16 juillet 2023, par
Stéphane PRZYBYLSKI (1970-)
France, 2017
Bélial’, 480 p.
Le Crépuscule des dieux reprend les choses exactement là où se terminait Club Uranium, sur cette révélation aussi étonnante que dérangeante : Heydrich, loin d’être mort en 1942 suite à l’attentat perpétré contre lui, a survécu en étant recruté par les extra-terrestres (ceux de la faction des nouveaux-venus). Il est même devenu le principal responsable du club uranium, ce groupement secret d’humains ayant accepté de collaborer avec les aliens. Un choix narratif ambigu, tant le personnage d’Heydrich symbolise, plus encore qu’un Himmler sans doute, le fanatisme et le mépris de la vie humaine propres aux nazis (n’oublions pas qu’il est l’un des principaux architectes de la solution finale). Ce dernier tome use d’ailleurs plus largement que les précédents des flash-forwards, allant jusqu’à l’époque de publication du roman. L’occasion d’une confrontation entre un Mister Lee se survivant à lui-même et la petite-fille de Saxhäuser.
Les allers-retours dans le temps se feront d’ailleurs plus ordonnées que dans les précédents tomes, alternant entre 2017 et les événements de la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est en effet une course de vitesse qui oppose le club uranium, abrité derrière l’opération Alsos (authentique, elle avait pour objectif de collecter le maximum de renseignement sur le programma nucléaire allemand), et l’indéfectible Saxhäuser. En jeu, les dernières traces des extra-terrestres encore aux mains des nazis : la fiole trouvée en Irak et transmise par l’ancien SS à Himmler au début du cycle des Origines, ainsi qu’un corps utilisé par un savant nazi pour des expériences menées successivement au camp du Struthof et dans une base secrète sise en Prusse orientale. Le Crépuscule des dieux permet également de retrouver certains personnages des épisodes antérieurs, ainsi du chef de l’Abwehr Canaris, de la séduisante espionne soviétique Irina Feodorova, du SS Hans Ziegler ou de Lady Alten, récupérée par les Américains comme le fut Von Braun dans notre monde non fictionnel.
Outre la fin de la guerre et le suicide de certains chefs nazis, le roman nous replonge dans des épisodes ayant suscité un certain questionnement – la mort de Rudolf Hess dans la prison de Spandau en 1987, prison dont il était le seul locataire et qui fut rasée après son décès – ou qui possèdent un potentiel narratif certain – la fuite et la traque de certains nazis en Amérique du sud, l’inspiration penchant ici vers Ces garçons qui venaient du Brésil d’Ira Levin et de La colonie du docteur Schaeffer, l’Argentine prenant la place du Chili d’origine. On déborde ainsi de la seule Seconde Guerre mondiale, pour aller principalement jusque dans les années 1950. L’intrigue finit d’ailleurs par se concentrer sur la lutte au sommet entre Saxhäuser et Heydrich, leur confrontation en pleine zone 51 s’avérant particulièrement marquante. C’est également le temps des révélations, sur la guerre civile interne aux aliens, sur les véritables objectifs des extra-terrestre (un peu vite évacués au demeurant), sur la nature réelle du Château des millions d’années également. Le plaisir de lecture demeure intact jusqu’au bout, même si on ne peut s’empêcher de se poser la question suivante : tout ça pour ça ?