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MACISTE EN ENFER

Maciste all forno

dimanche 15 juin 2003, par Maestro

Riccardo FREDA (1909-1999)

Italie, 1962, Maciste all’inferno

Kirk Morris, Helene Chanel

Maciste en enfer est l’énième aventure de ce héros musculeux italien, dont les premiers exploits cinématographiques remontent quand même à l’époque du muet ! Pourtant, le début du film semble bien éloigné des rivages antiques dont Maciste est originaire, puisqu’on assiste en Ecosse, au XVIIème siècle, à la condamnation à mort d’une sorcière sur le bûcher ; celle-ci, par vengeance, lance une malédiction sur la région. Désormais, bon nombre d’innocentes jeunes filles verseront dans la folie de manière apparemment irrémédiable. Un siècle plus tard, arrive un couple de jeunes mariés, dont l’épouse n’est autre que la descendante de cette même sorcière. S’ensuit alors la panique des villageois qui croient au retour de la créature honnie, investissent le château des deux tourtereaux et ne souhaitent qu’une chose : pendre la réincarnation de la sorcière. Jusque là, on pourrait penser à un film moyen de la Hammer, ou à une adaptation gothique d’Edgar Allan Poe, malgré quelques incohérences (comment la sorcière a-t-elle eu des descendants ? Pourquoi les parents de sa descendante l’ont-ils affublé du même prénom que son ancêtre au sinistre passé toujours connu ?).

Mais c’est à ce moment-là que Maciste entre en scène : il déboule dans le film sur son fier destrier, sans que l’on n’ait la moindre idée de ce qui a pu l’amener en Ecosse au XVIIIème siècle ! Tel un terminator antique, il bondit au secours de la pauvre fille, fait une éloquente démonstration de sa force et parvient à l’arracher des griffes de la populace déchainée. Hélas, lorsqu’elle subit l’interrogatoire des autorités municipales, celles-ci, à la seule exception du médecin local, concluent à sa nature diabolique, et décident donc de la brûler à son tour. La seule solution pour Maciste réside alors dans une descente aux enfers afin de retrouver la véritable sorcière dans le but de lui faire lever la malédiction. Comme les scénaristes font bien les choses, un accès existe à proximité du lieu de l’exécution, et Maciste de s’y engouffrer, n’écoutant que son cœur, puisqu’il est " l’ami du bien et l’ennemi du mal " (sic !).

C’est alors que débutent les passages les plus grand-guignolesques du métrage. Assez curieusement, les enfers en question ressemblent à un mixte entre ceux de la religion catholique (le feu omniprésent dans les grottes) et ceux de la mythologie grecque, mais de manière plutôt batarde. En effet, Maciste croise aussi bien Sysiphe et son rocher (la première fois où on l’entend parler !), que Prométhé souffrant le martyre, et même... le géant Goliath, si, si ! A cause du fleuve Léthé, Maciste est de surcroit victime d’une perte de mémoire qui donne l’occasion au réalisateur de réutiliser des images que l’on suppose extraites de précédentes aventures du super-héros antique et en toc, comme Maciste dans l’Egypte pharaonique, tel un Spartacus avant l’heure, ou Maciste en Chine face à la dynastie mongole... Sans commentaire !

Héros body-buildé oblige, les scènes de démonstration de force sont fréquentes, que ce soit pour pousser une lourde porte enflammée, tordre le cou du vautour (sic !) qui dévore le foie de Prométhé, vaincre un lion ou un python, et même résister face à la charge d’un troupeau de vaches sauvages ! A chacune de ces occasions, on a droit à de longs gros plans sur le visage et les biscottos de Maciste qui souffre vraiment beaucoup pour la bonne cause. Inutile de vous dresser un tableau de la " happy end " de rigueur. Bref, vous l’aurez compris, on est ici dans l’excessif, le lourdingue, le poussif et le pathétique le plus complet, aussi bien pour le jeu ( !) des acteurs que pour le scénario, d’une rare linéarité, sans parler du décor des enfers en carton pâte (les rochers semblent au moins peser 100... grammes). Lorsque vous saurez en plus que ce qui permettra à Maciste de venir à bout de la sorcière, c’est le fait qu’elle finira bien malgré elle par tomber amoureuse de lui, la messe sera dite : nous sommes bien face à un navet de la plus belle espèce, qui ne pourra satisfaire que les amateurs de péplums fantastiques de série B les plus dangereusement intoxiqués. A éviter, ou je ne réponds pas des conséquences !

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