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A MAN CALLED HERO

Quand ça tombe à Lau...

avril 2001, par Palplathune

Andrew LAU

Hong Kong, 1999, Zhong hua ying xiong

Acteurs : Ekin Cheng, Kristy Yang, Yuen Biao, Francis Ng, Anthony Wong, Shu Qui, Grace Yip.

A Man Called Hero représente la nouvelle génération des films made in Hong Kong. Un tournant qui date de 98 avec Stormriders. Ce dernier, énorme succès au box office asiatique, recyclait les vieilles recettes (le Wu Xia Pian en l’espèce) en y injectant des effets spéciaux dernier cri et une esthétique au croisement du jeu vidéo et de la BD. Evidemment les producteurs ont voulu décliner la formule. Et voila comment naît A Man Called Hero. Andrew Lau, le réalisateur de Stormriders, se voyant de nouveau confier la réalisation de ce blockbuster.

Hero Hua est le fils heureux d’une puissante famille chinoise. Comble du bonheur, il a été choisi par un grand maître d’arts martiaux chinois pour être son nouvel élève. Mais sa belle vie se brise quand d’immondes "gweilos" tuent ses parents. Apres avoir assouvi sa vengeance, il est obligé de s’exiler aux USA. Là bas, il va connaître un destin à la fois glorieux et tragique...

C’est triste de devoir l’admettre mais A Man Called Hero est plutôt raté. Surtout si on le compare à Stormriders dont il reprend pourtant les mêmes ingrédients. Ceux ci sont assez élémentaires : un scénario classique que l’on camoufle par beaucoup d’esbroufe (effets de styles et autres SFX), un casting mélangeant ancienne et nouvelle génération et des influences esthétiques pêchées du coté de la culture jeune (jeux vidéos et BD). Tous ces ingrédients sont donc bien présents ici mais mal cuisinés par un réalisateur qui n’a pas touché le gros Lau.

Le défaut le plus visible vient du scénario. Pas forcément dans les thèmes qu’il brasse qui sont des thèmes classiques du cinéma chinois. Citons en vrac : la peur de l’étranger (US et Jap comme il se doit), la nécessité de se serrer les coudes entre chinois, l’importance de la famille...Pour aussi discutables qu’ils soient, ils ne gênent en général pas dans le cadre d’un divertissement (prenez un film comme La Fureur du dragon et vous trouverez quasiment les mêmes thèmes). Non, ce qui est gênant c’est que Lau confond ambition et confusion. Ambition car le film multiplie les nouvelles pistes narratives mais confusion parce qu’il n’en traite aucune en profondeur, et ce jusqu’à la fin ou finalement il opte pour la plus classique (confrontation école martiale chinoise versus japonaise). Passe ainsi à la trappe l’histoire de la fille de Hero Hua enlevée à la moitié du métrage et dont on ne se préoccupera plus jusqu’à la fin, l’histoire d’amour platonique et impossible entre Shu Qui et Hero à peine esquissée ou encore la destinée proprement dite de Hero Hua dont on sait juste qu’il est né sous l’étoile de la mort (il va se mettre à détruire des planètes ?) sans que cela nous avance beaucoup. Ce bordel scénaristique n’entraîne pas l’impression d’être perdu comme c’est souvent le cas dans les HK Movies mais frustre complètement, ce qui n’est pas beaucoup mieux. Soit parce qu’il en est conscient soit parce qu’il aime faire dans l’esbroufe, Lau tente maladroitement de camoufler le défaut par une narration ambitieuse à coups de flash back et de retour dans le présent. Ce parti pris n’est pas désagréable mais est loin d’être suffisant pour camoufler les carences de l’histoire.

Et on touche là l’autre reproche principal du film mais aussi de toute cette nouvelle tendance blockbuster du cinéma de Hong Kong. L’aspect neuf et original n’est qu’artificiel. On est en face d’oeuvres visuellement travaillées mais artistiquement vides. C’est le triomphe du superficiel. Ratissant le plus large dans ses thèmes et influences et reniant certaines spécificités locales pour s’aligner sur le modèle dominant US. Mais et c’est là le paradoxe les Hong Kongais renient leurs forces pour battre le cinéma US sur son propre terrain. Le fait que A Man Called Hero se passe aux USA n’a rien d’étonnant. Ainsi dans la séquence finale on peut voir la statue de la liberté (symbole s’il en est des USA) détruite par la puissance martiale chinoise le tout en SFX (spécialité américaine). Le fier chevalier chinois terrassant le dragon hollywoodien sur son propre terrain. Mais cette vision ne sera que pur fantasme tant que les réalisateurs-producteurs de l’ex-colonie conservent leurs défauts récurrents (confusion scénaristique et thèmes discutables) et préfèrent s’aligner sur les standards US pour le reste. Pour illustrer ce dernier point il suffit de voir les combats qui ne sont plus des merveilles chorégraphiques mais l’occasion de démonstrations technologiques.

Et ce n’est pas la réalisation de Lau qui arrange les choses. Spécialiste de la poudre aux yeux, c’est un simple faiseur d’image qui semble plus intéressé par les effets de style plutôt que de raconter une histoire qui se tient. Effets de style qui sont d’ailleurs piqués à d’autre réalisateurs plus inventifs (tel Wong Kar Wai).

Reconnaissons tout de même quelques réussites au film : ses SFX objectivement impeccables, son esthétique BD-jeux vidéos pour une fois plutôt bien assimilée ou son casting de haute tenue. Mention spéciale pour le toujours actif Yuen Biao dont on ne se lasse pas (enfin, en tout cas moi je ne m’en lasse pas). Mais bon il s’agit de faibles compensations qui n’empêche pas la déception devant ce grand film vide. Ambitieux que dans ses apparences. Tsui Hark refais nous un coup de génie pour éviter le mauvais coton que file le nouveau cinéma de Hong Kong !!

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