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LA MOMIE

dimanche 17 février 2002, par von Bek

Karl FREUND (1890-1969)

États-Unis, 1932

Boris Karloff, Zita Johann, David Manners, Arthur Byron, Eward van Sloane

Karl Freund fait partie de cette nébuleuse prolifique du cinéma surréaliste germano-autrichien comprenant des personnalités aussi fameuses que Murnau, déjà cité, ou Fritz Lang, qui quittèrent des pays en pleine crise politique et économique pour gagner le jeune rêve hollywoodien. Tout naturellement ce chef monteur de Murnau et de Tod Browning au Dracula (1931) duquel il collabore, passe à la réalisation en 1932 avec La momie, film appelé à devenir un chef d’oeuvre classique du cinéma fantastique et où l’on retrouve l’influence naturelle des cinéastes germaniques, en particulier dans les éclairages. La récence de la découverte de la momie de Tout-Ankh-Amon par le britannique Carter n’est sans doute pas pour rien dans ce succès.

De fait dans cette Momie, et en dépit d’une production américaine, l’égyptologie britannique est à l’honneur. En 1921, lors de la campagne de fouille annuelle du British Museum, sir Joseph Whemple découvre une étrange momie puisqu’elle n’a pas suivi les opérations de momifications et que les cartouches de hiéroglyphes censés la protéger dans l’au-delà ont été délibérément effacés. Il n’a pas l’occasion de l’étudier en détail car, à peine s’éloigne-t-il, que la momie disparaît emportant avec elle des papyrus porteurs de malédiction ainsi qu’accessoirement l’esprit son l’assistant. Onze ans plus tard, Franck Whemple a pris le relais de son père et se voit offert par un énigmatique Égyptien l’opportunité de déterrer la tombe inviolée de la princesse Ankh-Su-Amon. Il ,n’a malheureusement pas compris qu’il était manipulé par la momie disparue, alias le grand prêtre Imhotep, qui ne rêve plus que de ramener à la vie sa dulcinée pour laquelle il a commis un sacrilège et a été condamné. Seulement, comme la belle Ankh-Su-Amon, forte de ses 3700 balais, n’est plus de première jeunesse, le grand prêtre entend utiliser la jeune et sémillante Helen Grovesnor, dont s’est épris Franck Whemple.

Mettons tout de suite en garde les amateurs de courses-poursuites effrenées et autres scoubidonneries ou ceux, lémuriens, qui aspirent à voir une montagne de bandelettes paraplégique (la montagne pas les bandelettes) se traîner après une jeunesse dynamique contrainte de trouver des subterfuges pour donner l’impression d’être rattrapée. Au contraire, fort de son succès récent dans le Frankenstein de James Whale (1931), Boris Karloff incarne une momie désenrubannée et à la hauteur de ses capacités d’acteurs et de sa tête patibulaire mais presque. Le visage hiératique, la tenue très digne et le regard sombre, Karloff interprête un Imhotep ténébreux magnifiquement servi par les jeux de lumières coutumiers de Freund, et à des années lumières de la prestation grommelante de Lon Chaney dans les séquelles produites pendant la guerre par les studios Universal (cf. La main de la momie, 1940 ; La tombe de la momie, 1942 ; Le fantôme de la momie, & La malédiction de la momie, 1944) ou de celle musclée et colérique de La Momie de Stephen Sommers en 1999.

Inutile donc d’en ajouter pour faire comprendre que par sa mise en scène simple mais efficace, ses effets par encore spéciaux, l’utilisation d’un habile flashback, La momie de Karl Freund figure parmi les mythes fondateurs de la tétralogie classique du cinéma d’horreur aux côtés des Frankenstein et Dracula que James Whale et Tod Browning produisirent en 1931 et du loup-garou filmé en 1935 dans Le monstre de Londres de Stuart Walker.

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